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se procurer <strong>des</strong> compagnons de jeu. C’est pour cette raison qu’elle nous a capturés… Nous sommes en<br />
bas, avec elle, nous chantons, nous dansons… C’est super ! Viens nous rejoindre… Plus d’école, plus de<br />
devoirs… Viens avec tes copains… <strong>La</strong> Bête sera heureuse de vous accueillir… Viens, il y a de la place<br />
pour tout le monde… C’est la fête !<br />
Peggy se boucha les oreilles. Ce fut inutile. Le murmure <strong>des</strong> fantômes pénétrait en elle par les pores<br />
de sa peau.<br />
Les spectres marmonnaient, infatigables, monotones, et leurs voix finissaient par constituer un ronron<br />
qui vous poussait aux frontières du sommeil.<br />
« Ils sont en train de m’hypnotiser, se dit la jeune fille. Je dois résister. »<br />
— Taisez-vous ! hurla-t-elle, vous ne me convaincrez pas ! Je ne veux pas devenir la meilleure<br />
copine de la Dévoreuse !<br />
Et elle se dépêcha de réveiller ses amis.<br />
Vexés, les fantômes se turent.<br />
— Que se passe-t-il ? s’exclama Sébastian en se redressant.<br />
— Les fantômes… haleta Peggy. <strong>La</strong> Dévoreuse nous envoie les fantômes <strong>des</strong> gosses qu’elle a<br />
mangés…<br />
— On dirait <strong>des</strong> bonshommes de guimauve, observa le chien bleu, peut-être qu’on pourrait en faire<br />
notre petit déjeuner ?<br />
— Pas de panique, lança Sébastian. Il s’agit encore d’une hallucination. Ces enfants ne sont pas réels.<br />
— Bien sûr que non ! protesta Peggy, puisque ce sont <strong>des</strong> fantômes !<br />
À présent, les spectres les encerclaient, reprenant leurs murmures. Cette fois ils étaient de mauvaise<br />
humeur et pr<strong>of</strong>éraient <strong>des</strong> menaces confuses.<br />
Ils détestaient Peggy Sue, et surtout Sébastian, ce sale petit insolent qui refusait de croire en leur<br />
existence.<br />
On ne vous laissera pas faire du mal à la Bête ! bourdonnèrent-ils. Pas question que vous <strong>des</strong>cendiez<br />
la tuer. On est là pour la défendre… Ici, on n’aime pas beaucoup les valets du général Massalia.<br />
Déjà ils se mettaient à ramper sur les haubans, s’élevant le long <strong>des</strong> cordages en direction du ballon.<br />
Ils ondulaient, fragiles fumées essayant de résister au vent qui les dispersait. Peggy Sue vit qu’ils avaient<br />
levé les bras et crispaient les doigts, donnant à leurs mains la forme d’une serre. Elle comprit tout à coup<br />
ce qu’ils voulaient faire : ils allaient griffer l’enveloppe, la lacérer jusqu’à ce qu’elle crève !<br />
— Sébastian ! hurla-t-elle, il faut faire quelque chose ! Ils vont crever le ballon ! Empêchons-les !<br />
— Calme-toi, répéta le jeune homme. Ce sont <strong>des</strong> images sorties de notre imagination. Ils n’existent<br />
pas. <strong>La</strong> Dévoreuse essaye de nous convaincre de faire demi-tour.<br />
— Comment peux-tu en être aussi sûr ? riposta la jeune fille.<br />
Coupant court à la dispute, le chien bleu s’était élancé. Il mordit l’un <strong>des</strong> jeunes spectres au mollet.<br />
— Hé ! aboya-t-il, ils ne sont pas aussi immatériels que je le croyais. On dirait du caoutchouc.<br />
— Mais oui, bien sûr ! haleta Peggy Sue. Ils durcissent ! Ils deviennent soli<strong>des</strong> afin de pouvoir s’en<br />
prendre au ballon.<br />
D’abord fumée, les revenants se changeaient en d’étranges créatures caoutchouteuses. Dans trois<br />
minutes, ce latex durcirait à son tour. Les mains de brume deviendraient soli<strong>des</strong>, leurs ongles aussi durs<br />
que <strong>des</strong> griffes, et toutes ces serres se mettraient à crisser sur l’enveloppe du ballon, cherchant les points