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Trois cachets bleus…<br />
Ce soir-là, après avoir regardé la télévision, Peggy Sue se coucha. Deux heures plus tard, elle fut<br />
réveillée en sursaut par un affreux vacarme et découvrit que la maison de sa grand-mère était remplie de<br />
chevaliers vêtus d’armures cabossées. Ils portaient <strong>des</strong> casques effrayants et d’immenses épées, comme<br />
s’ils se préparaient à livrer bataille.<br />
Voici comment la chose arriva…<br />
Il devait être 1 heure du matin quand <strong>des</strong> éclairs électriques jaillirent <strong>des</strong> lampes et <strong>des</strong> appareils<br />
électroménagers. Le réfrigérateur se mit à cuire les yaourts, le four explosa, quant au lave-linge, son<br />
tambour entreprit de tourner à 30.000 tours/ minute, ce qui l’arracha de son axe et le propulsa droit dans<br />
le ciel (depuis il s’est satellisé autour de la Terre et les astronomes l’ont rangé dans la catégorie <strong>des</strong><br />
Objets Volants Non Identifiés).<br />
Peggy s’assit dans son lit, le chien bleu bondit sur ses pattes (son poil dressé le faisait ressembler à<br />
un hérisson). Une odeur bizarre flottait dans la maison, mélange de caoutchouc brûlé et de gaz de ville.<br />
<strong>La</strong> jeune fille se frotta les yeux. Tout à coup, elle prit conscience qu’un chevalier bardé de fer se<br />
tenait debout au pied du lit. Elle poussa un cri de surprise. Puis le guerrier ôta son casque, démasquant<br />
son visage. C’était un homme âgé, à la barbe grise tressée en nattes fines. Une cicatrice lui fendait le<br />
front ; ses yeux étaient durs. Il n’avait pas l’air d’un joyeux drille !<br />
— Salut à toi, dit-il d’une voix sourde, je suis Anabius Torkeval Massalia, général en chef <strong>des</strong><br />
armées de Kandarta, sixième planète du système solaire de la galaxie du Singe vert. Et je viens de<br />
traverser le cosmos pour implorer ton aide.<br />
Peggy Sue se sentait un peu idiote dans son pyjama rose à pois verts face à cet individu empaqueté<br />
d’acier. Elle chercha sa robe de chambre à tâtons. (Elle se rappela que le vêtement en question n’était pas<br />
très propre ; en fait plein de taches de café au lait sur les revers ! De quoi allait-elle avoir l’air ?)<br />
Elle entendit Granny Katy qui, au rez-de-chaussée, pestait contre les envahisseurs :<br />
— Vous êtes peut-être chevalier, mais cela ne donne pas le droit à votre cheval de manger les<br />
coussins de mon canapé ! criait-elle. De plus votre épée arrache toute ma moquette !<br />
— Fort bien, balbutia Peggy, <strong>des</strong>cendons discuter de ça en bas.<br />
Elle se donnait du mal pour essayer de ressembler à une princesse habituée à ce genre de situation,<br />
mais elle n’en menait pas large car l’homme n’avait pas l’air commode. Toutefois, il la suivit sans<br />
regimber, ses souliers de fer cliquetant de manière effroyable.<br />
Dès qu’elle fut dans l’escalier, Peggy comprit que le général n’était pas venu seul. Une dizaine<br />
d’hommes en cuirasse occupaient le salon de Granny Katy. Certains n’étaient même pas <strong>des</strong>cendus de<br />
cheval et leurs casques frôlaient le plafond, y inscrivant de longues éraflures.<br />
Sébastian apparut à son tour, les cheveux ébouriffés.<br />
— Hé ! bâilla-t-il, c’est quoi ? On tourne un film ?<br />
— Je suis désolé de cette intrusion, coupa Anabius Torkeval Massalia qui s’impatientait, mais nous<br />
avons traversé les dimensions grâce à un sortilège pour vous rencontrer. Notre temps de présence sur la<br />
Terre ne dépassera pas cinq de vos minutes, aussi dois-je faire vite.<br />
— D’accord, fit Peggy qui s’évertuait à se recoiffer avec ses doigts (elle venait de voir dans le miroir