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La Bete des souterra.. - Index of

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s’en ouvre une. Ce n’est pas difficile. Dès qu’une fissure apparaît, on y déverse <strong>des</strong> tonnes de cailloux, et<br />

le tour est joué. Alors la bête <strong>des</strong> <strong>souterra</strong>ins va se fournir là où c’est plus facile…<br />

Peggy Sue jeta de rapi<strong>des</strong> coups d’œil dans les pièces avoisinantes. Elle y découvrit <strong>des</strong> enfants vêtus<br />

de toges coupées dans un beau tissu immaculé. Ils dormaient sur <strong>des</strong> lits encombrés de coussins de soie.<br />

Aucun d’entre eux n’était enfermé dans une cage d’acier, et les murs de leur chambre ne présentaient pas<br />

de lézar<strong>des</strong>.<br />

— Peu importe, soupira Sébastian, nous ne sommes pas là pour nous promener, localisons le palais<br />

royal et finissons-en !<br />

Ils traversèrent une salle de banquet aux tables surchargées de nourriture gâtée. Sur un s<strong>of</strong>a de velours<br />

rouge, une femme fixait le plafond, les yeux grands ouverts. Elle portait une robe de patricienne en soie<br />

fine qui dissimulait mal son corps squelettique. Peggy s’approcha d’elle et constata avec surprise que<br />

l’inconnue n’avait guère plus d’une vingtaine d’années, cependant l’extrême maigreur qui creusait son<br />

visage lui donnait l’aspect d’une vieille femme abîmée dans un rêve infini.<br />

— Ça ne va pas, Madame ? interrogea la jeune fille. Vous avez besoin d’aide ?<br />

L’inconnue sortit de son engourdissement. Tournant la tête avec lassitude, elle posa son regard sur<br />

Peggy Sue.<br />

— Je me sens faible, dit-elle d’une voix timide, je n’ai rien mangé depuis si longtemps.<br />

Peggy fronça les sourcils. Comment pouvait-on mourir de faim au milieu d’un tel gâchis de<br />

nourriture ?<br />

— Aidez-moi, gémit la femme en se relevant sur un coude, donnez-moi votre main.<br />

Peggy Sue, croyant qu’on attendait d’elle un appui, obtempéra. À peine avait-elle posé les doigts sur<br />

l’épaule de la femme maigre que celle-ci lui mordit le poignet comme si elle voulait prélever sur ce bras<br />

un morceau de chair. Peggy poussa un cri de douleur et se dégagea, rejetant la démente sur le lit.<br />

— Non ! supplia celle-ci, ne partez pas. Vous avez bon goût, revenez. Je vous achète votre bras, je<br />

suis riche, je vous en donnerai un bon prix.<br />

Elle s’était dressée en titubant, les mains tendues dans une mimique de supplication.<br />

— Restez, dit-elle, je possède un élixir magique, il vous anesthésiera pendant que je mangerai votre<br />

bras, vous ne sentirez rien, je vous le jure. Un bras, seulement un bras, et vous serez riche à jamais ! Je<br />

vous donnerai une pleine cassette de pièces d’or.<br />

Sébastian, indigné, la gifla d’un revers de la main, l’expédiant cul par-<strong>des</strong>sus tête à l’autre bout de la<br />

salle.<br />

— Filons d’ici, lança Peggy, nous voilà tombés dans un asile de fous !<br />

Abandonnant la démente, ils traversèrent les couloirs, cherchant la porte de sortie. À plusieurs<br />

reprises ils butèrent sur <strong>des</strong> convives assoupis qui présentaient tous les signes d’un amaigrissement<br />

anormal et se languissaient, le regard perdu dans le vague. Abattus, dolents, ils semblaient en proie à une<br />

incompréhensible maladie du sommeil. Tout autour d’eux on remarquait <strong>des</strong> jarres pleines d’un vin qui<br />

avait tourné au vinaigre, ou <strong>des</strong> gigots sur lesquels festoyaient <strong>des</strong> bataillons de mouches.<br />

— Je n’y comprends rien, grommela le chien bleu, ils prétendent mourir de faim alors qu’ils sont<br />

entourés de victuailles qu’ils ont laissées pourrir ! C’est une histoire de dingues !<br />

En quittant la villa, ils poussèrent un pr<strong>of</strong>ond soupir de soulagement. Toutefois, un peu plus loin, la<br />

salle basse d’une taverne leur <strong>of</strong>frit un spectacle analogue. Des hommes émaciés y sommeillaient, la tête

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