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La Bete des souterra.. - Index of

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étrangler un autre élève en provoquant un faux mouvement de la racine qu’elle était censée diriger !).<br />

Il n’y avait pas de vraies maisons sur la toile d’araignée, mais <strong>des</strong> huttes composées de racines<br />

mortes et de feuillages tressés. Certains préféraient dormir dans <strong>des</strong> nids, comme <strong>des</strong> oisillons ; mais la<br />

plupart <strong>des</strong> gosses vivaient dans <strong>des</strong> cabanes mal fichues où ils se regroupaient par tranches d’âge et<br />

pratiquaient l’autodiscipline. Ils étaient tous très intéressés par le chien bleu car il n’y avait aucun animal<br />

sur le filet. Celui-ci en pr<strong>of</strong>ita pour cabotiner comme à son habitude ; il adorait jouer les vedettes.<br />

De temps à autre, Anaztaz venait inspecter la classe et y allait de son petit discours (Anaztaz adorait<br />

les discours !).<br />

— Les racines sont nos amies, radotait-il. Sans elles, il y a belle lurette que la Dévoreuse nous aurait<br />

tous dévorés. Sans elles, pas de filet, pas moyen de repousser les attaques <strong>des</strong> tentacules ou de récupérer<br />

les gosses que la bête a kidnappés. Grâce à elles nous sommes en sécurité. Pensez-y au lieu de<br />

pleurnicher parce que la soupe n’a pas bon goût ! Vous êtes davantage en sécurité ici, sur la « toile<br />

d’araignée », qu’à la surface où vos parents ont été incapables de vous protéger ! Ceux qui voudraient<br />

remonter chez eux sont de petits imbéciles qui mériteraient bien que je les jette dans le vide ! Des ingrats,<br />

oui ! Je vous le répète : les racines nous défendent mieux que les adultes ne pourraient le faire.<br />

En disant cela, il s’excitait et finissait par devenir tout rouge. Peggy Sue le trouvait plutôt joli garçon,<br />

mais il lui faisait peur.<br />

— Il joue au petit roi, grommela Sébastian alors qu’Anaztaz sortait de la classe. Je ne sais pas ce qui<br />

me retient de lui balancer mon poing sur la figure.<br />

— C’est vrai que nous sommes un peu ses prisonniers, avoua Peggy, mais il faut se montrer malins.<br />

Pour le moment les choses vont mal. Je suis comme toi, je n’ai pas envie de passer les dix prochaines<br />

années à manger <strong>des</strong> radicelles bouillies ou à tresser <strong>des</strong> fibres végétales pour en faire <strong>des</strong> culottes.<br />

Patience, j’aurai bien une idée qui nous permettra de prendre la poudre d’escampette !<br />

Outre le dressage <strong>des</strong> racines, il fallait participer au tricotage de la toile. Pour cela, les jeunes<br />

devaient cueillir les racines mortes qui pendaient de la voûte et les utiliser pour tresser de nouvelles<br />

mailles. C’est ainsi que le filet s’agrandissait.<br />

— Ne coupez que <strong>des</strong> racines mortes, répétait Pipoz. Les vivantes se rebelleraient, elles<br />

saccageraient la toile en gigotant pour se dénouer. Mais faites bien attention à ne pas confondre une<br />

racine morte et une racine endormie ! Si vous essayez de trancher une racine assoupie, elle vous<br />

étranglera comme un boa constrictor, ou vous écrasera la cage thoracique.<br />

Armés d’une hache de silex, Peggy Sue et Sébastian durent donc apprendre à se déplacer dans<br />

l’enchevêtrement <strong>des</strong> lianes et <strong>des</strong> pseudopo<strong>des</strong> végétaux tombant de la voûte fendillée. Ce n’était pas<br />

facile. Parfois, cela revenait à grimper dans les haubans d’un trois-mâts en très mauvais état. Peggy<br />

perdit deux fois l’équilibre. Par chance, elle rebondit sur le filet, mais le choc lui meurtrit le dos.<br />

« Tu es rayée comme un zèbre ! » lui annonça le chien bleu en examinant ses hématomes.<br />

Chaque fois qu’ils s’approchaient d’une racine pendante, les deux adolescents échangeaient un regard<br />

inquiet en se demandant si elle était morte ou endormie. Ils n’avaient pas assez d’expérience pour faire la<br />

différence au premier coup d’œil en fonction de la couleur de l’écorce ou de la souplesse du bois.

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