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La Bete des souterra.. - Index of

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une pose qui n’avait rien de réglementaire.<br />

— Je n’aime pas ça, chuchota le chien bleu. À mon avis, votre Walner est un fantoche. <strong>La</strong> ville est<br />

tombée dans les pattes <strong>des</strong> militaires. Croyez-vous que quelqu’un possède encore assez d’autorité sur eux<br />

pour leur ordonner d’aller attaquer la bête <strong>des</strong> <strong>souterra</strong>ins ?<br />

— Voyons toujours ce Ranuck, souffla Peggy qui partageait l’avis du petit animal.<br />

Il faisait frais à l’intérieur du palais, mais de nombreux courtisans étaient effondrés sur <strong>des</strong> divans<br />

autour <strong>des</strong> bassins et <strong>des</strong> jets d’eau, comme frappés par une épouvantable torpeur. Tous étaient d’une<br />

maigreur squelettique, et leurs yeux brûlaient de fièvre. Une odeur de vinaigre montait <strong>des</strong> coupes de vin<br />

abandonnées sur les <strong>des</strong>sertes. Une servante emportait à la hâte un porcelet farci auquel personne n’avait<br />

touché.<br />

— S’ils ne peuvent rien manger, ils doivent mourir en quelques semaines, observa Sébastian.<br />

— Je n’ai pas dit qu’ils ne pouvaient rien manger, corrigea Peggy dans un murmure gêné, certains se<br />

sont acclimatés au goût de cendre <strong>des</strong> aliments et se forcent à les avaler pour survivre… d’autres ont<br />

choisi <strong>des</strong> solutions plus étranges. C’est du moins ce que raconte Servallon. Mais il reste plutôt discret<br />

sur ce point. J’avoue ne pas avoir compris… Il parle par allusions. On dirait qu’il a peur de dire la<br />

vérité. Cela m’inquiète.<br />

Elle s’interrompit au passage d’un valet.<br />

Tout à coup, un homme à la barbe huileuse sortit de derrière une tenture. Il était affublé d’une longue<br />

robe de soie noire brodée d’or et empestait le parfum. Des rubis avaient été enchâssés dans ses narines,<br />

et ses ongles étaient recouverts d’une pellicule d’or.<br />

— Je suis Ranuck, le grand vizir, annonça-t-il d’une voix grave, on m’a prévenu de votre arrivée. Que<br />

puis-je pour vous ?<br />

Il saisit d’une main dodue le pli que lui tendait Sébastian, examina le sauf-conduit et se caressa la<br />

barbe.<br />

— C’est fort gênant, murmura-t-il sur un ton de confidence. Sa Majesté, notre bien-aimé roi Walner,<br />

est absente. Elle s’est rendue sur la montagne pour soigner ses nerfs. Je dois vous présenter à elle. Je sais<br />

que vous êtes célèbres, mais tourner un film sur Kandarta est une entreprise délicate… Je ne puis vous<br />

accorder cette autorisation à la légère. Il y a la question d’argent, bien sûr et…<br />

Il se tut et fit mine de réfléchir en continuant à caresser sa barbe aux mèches huileuses torsadées.<br />

— Je ne vois qu’un seul moyen, dit-il enfin, il faut que nous nous rendions au camp royal, sur la<br />

montagne <strong>des</strong> délices, et que nous obtenions un ordre signé de la main du roi. Vous lui exposerez votre<br />

projet de vive voix. Sur Kandarta, nous n’avons plus de cinémas depuis longtemps, mais nous nous<br />

souvenons de ce dont il s’agit…<br />

Peggy Sue et Sébastian échangèrent un clin d’œil d’intelligence. Sur une terrasse élevée, de l’autre<br />

côté <strong>des</strong> jardins, ils venaient d’apercevoir la courbe d’une formidable arbalète actionnée par <strong>des</strong> treuils.<br />

Ranuck surprit le regard <strong>des</strong> deux amis et poussa un soupir.<br />

— Une arme symbolique, fit-il avec nonchalance, sa flèche est tellement mangée de rouille qu’elle se<br />

briserait sous le choc de la corde, mais nous l’exhibons, comme si de rien n’était, pour ne pas affoler les<br />

partisans de ce mode de surveillance. Le général Massalia fait partie <strong>des</strong> acharnés de l’autodéfense. Il<br />

s’imagine pouvoir partir en guerre contre la bête <strong>des</strong> <strong>souterra</strong>ins… ce qui, à mon avis, est une absurdité.<br />

<strong>La</strong> Dévoreuse – comme la surnomment irrespectueusement les gens du peuple – n’est pas hostile. Nous<br />

bénéficions de ses bienfaits. Somme toute, nous en retirons plus d’avantages que d’inconvénients.

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