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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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IX<br />

Rien n'est plus pénible pour l'esprit humain, après que les<br />

sentiments ont été ruinés par une succession rapide d'événements,<br />

que de retrouver le calme et l'inaction qui excluent à la fois<br />

l'espérance et la peur. Justine était morte, elle était enterrée et moi<br />

j'étais vivant. Le sang coulait sans entraves dans mes veines mais<br />

des vagues de remords et de désespoir m'oppressaient le cœur et<br />

je ne pouvais rien oublier. Je n'étais plus à même de dormir.<br />

J'errais comme un esprit malfaisant, car j'avais été l'auteur<br />

d'actes immondes, horribles au-delà de toute expression, et<br />

d'autres, beaucoup d'autres (j'en étais persuadé) allaient encore<br />

survenir. Et pourtant mon cœur débordait d'affection et d'amour<br />

pour la vertu. J’étais entré dans la vie avec des intentions<br />

bienveillantes et j'avais souhaité, une fois que je réussirais à les<br />

mettre en pratique, me rendre utile à mes semblables.<br />

Maintenant, tout était détruit. Au lieu d'avoir la conscience sereine<br />

– ce qui m'aurait permis de considérer le passé avec satisfaction et<br />

d'aller vers l'avenir avec de nouveaux espoirs -, j'étais habité par le<br />

remords et par le sentiment de ma culpabilité. Et je vivais dans un<br />

enfer, au milieu de tortures sans nombre qu'aucun langage ne<br />

pourrait rendre.<br />

Cet état d'esprit agit sur ma santé, laquelle, sans doute, ne<br />

s'était jamais entièrement rétablie depuis le premier choc qu'elle<br />

avait subi. Je fuyais le visage des hommes, le moindre bruit de joie<br />

ou de réjouissance m'énervait. La solitude était ma seule<br />

consolation – une profonde, une obscure, une mortelle solitude.<br />

Mon père constata avec peine ce changement perceptible dans<br />

mon caractère et mes habitudes. Avec des arguments que lui<br />

inspiraient sa conscience sereine et sa vie sans reproche, il<br />

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