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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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chose de solennel qui aurait touché même l'être le moins émotif. Il<br />

me semblait que les esprits des défunts flottaient alentour et<br />

projetaient sur ma tête une ombre que je pouvais sentir mais que<br />

je ne voyais pas.<br />

La profonde tristesse de cette scène eut d'abord pour effet de<br />

raviver rapidement ma rage et mon désespoir. Ils étaient morts !<br />

Moi, moi je vivais ! Leur assassin aussi était en vie et, pour le<br />

détruire, je devais mener une existence lamentable. Je<br />

m'agenouillai dans l'herbe, baisai la terre et m'écriai, les lèvres<br />

tremblantes :<br />

– Par cette terre sacrée sur laquelle je m'agenouille, par les<br />

ombres qui m'entourent, par le profond et infini chagrin qui me<br />

dévore, par toi également, ô Nuit, et les esprits qui règnent sur toi,<br />

je jure de poursuivre le démon qui est la cause de ma détresse,<br />

même si dans ce combat je dois périr ! C'est pour cette raison que<br />

je veux vivre. Pour exécuter cette vengeance qui m'est chère, je<br />

dois encore contempler le soleil et fouler l'herbe verte de la terre<br />

qui, autrement, disparaîtrait pour toujours de ma vue. Et j'en<br />

appelle à vous aussi, esprits des morts, et à toi, souffle errant de la<br />

vengeance, pour m'aider et me guider dans cette tâche ! Puisse le<br />

monstre sinistre et diabolique connaître l'agonie la plus profonde !<br />

Puisse-t-il, lui aussi, éprouver ce désespoir qui aujourd'hui me<br />

tourmente !<br />

J'avais entamé ma conjuration avec une solennité et une<br />

emphase qui m'assuraient presque que les esprits des défunts que<br />

j'avais aimés m'approuvaient mais, en même temps que mes<br />

dernières paroles, ma fureur reprit le dessus et la rage me laissa<br />

sans voix.<br />

Alors, dans le silence de la nuit, éclata un énorme rire<br />

diabolique – et longuement, douloureusement, il me résonna aux<br />

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