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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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démons de l'enfer après leurs épreuves dans le lac de feu. Je<br />

dévorai avidement les restes du repas du berger – du pain, du<br />

fromage, du lait, du vin, un aliment que je n'ai plus aimé par la<br />

suite. Puis, rongé de fatigue, je m'étendis sur un tas de paille et je<br />

m'endormis.<br />

« Je me réveillai vers midi. Encouragé par la chaleur du soleil<br />

qui brillait avec éclat sur le sol blanc, je décidai de poursuivre mon<br />

voyage. Je ramassai ce qui restait encore du repas, le fourrai dans<br />

une besace que je trouvai et m'avançai parmi les champs de<br />

nombreuses heures. Au coucher du soleil, j'étais aux abords d'un<br />

village. Quel spectacle miraculeux ! Les cabanes, les cottages<br />

charmants, les maisons imposantes éveillèrent tour à tour mon<br />

admiration. Les légumes dans les jardins, le lait et le fromage que<br />

je voyais exposés à la fenêtre de certains chalets excitèrent mon<br />

appétit. J'entrai dans l'un des plus beaux mais j'avais à peine mis<br />

le pied à l’intérieur que les enfants se mirent à crier et qu'une<br />

femme s'évanouit. Tout le village était en effervescence. Certains<br />

fuyaient, d'autres m'attaquèrent jusqu'à ce que, gravement blessé<br />

par les pierres et les autres projectiles qu'on me lançait, je me<br />

sauve dans la plaine et aille peureusement me réfugier dans une<br />

petite hutte, toute basse, et dont l'apparence, comparée aux<br />

demeures du village, était misérable. Cette hutte, pourtant, était<br />

contiguë à un joli et agréable chalet où, après la triste expérience<br />

que je venais de faire, je n'osai pas entrer. Mon refuge en bois était<br />

si bas que j'avais toutes les difficultés à y rester, sans baisser la<br />

tête. Le sol était constitué de terre battue mais il était sec’ Et bien<br />

que le vent y entrât par d'innombrables fissures, l'abri me parut<br />

excellent contre la neige et la pluie.<br />

« C'était donc là ma retraite. Je m'étendis par terre, heureux<br />

d'avoir trouvé un asile, si misérable fût-il, contre l'inclémence de<br />

la saison et, plus encore, contre la barbarie des hommes.<br />

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