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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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cœur franc et généreux. Ma tante conçut un si grand attachement<br />

pour elle qu'elle décida de lui donner une éducation plus poussée<br />

qu'elle n'avait d'abord pensé le faire. Ce bienfait fut pleinement<br />

récompensé. Justine était la créature la plus reconnaissante du<br />

monde : Je ne dis pas qu'elle le manifestait toujours, jamais<br />

d'ailleurs sa reconnaissance n'était exprimée verbalement mais ses<br />

regards montraient en suffisance combien elle adorait sa<br />

protectrice. Quoique d'une nature gaie, voire un peu étourdie, elle<br />

prêtait la plus grande attention à chaque geste de ma tante. Elle la<br />

tenait pour le modèle de la vertu et cherchait à imiter sa façon de<br />

parler et ses allures, si bien qu’aujourd'hui encore elle me la<br />

rappelle.<br />

« Quand ma tante que j'aimais tant mourut, nous étions trop<br />

absorbés par notre chagrin pour nous soucier de Justine qui lui<br />

avait prodigué ses soins avec la plus anxieuse affection. La pauvre<br />

Justine tomba malade – et pourtant d'autres malheurs<br />

l'attendaient.<br />

« Les uns après les autres, ses frères et sœurs moururent, et sa<br />

mère, à l'exception de la fille qu'elle avait négligée, se retrouva<br />

sans enfants. Ceci la tourmenta et elle en vint à se dire que la mort<br />

de ses préférés était le jugement du ciel qui la punissait ainsi de sa<br />

partialité. Elle était catholique romaine et je crois que son<br />

confesseur partagea sa façon de voir. Et dès lors, quelques mois<br />

après ton départ pour Ingolstadt, Justine a été rappelée chez elle<br />

par sa mère repentante. Pauvre fille ! Elle pleurait en quittant<br />

notre maison. Elle avait fortement changé depuis le décès de ma<br />

tante : le chagrin avait rendu ses manières plus douces et plus<br />

affables, alors qu'elle s'était toujours distinguée par sa vivacité, et<br />

ce n'était pas la perspective d'habiter de nouveau avec sa mère qui<br />

pouvait la réjouir. Celle-ci manquait de consistance, Parfois elle<br />

suppliait Justine d'oublier le mal qu'elle lui avait fait mais, le plus<br />

souvent, elle la tenait responsable de la mort de ses frères et<br />

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