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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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« Félix parut ravi de la voir car toute trace de tristesse<br />

disparut, de son visage et celui-ci rendit une expression de joie<br />

extatique dont je ne le croyais pas capable. Ses yeux étincelèrent et<br />

ses joues rougirent de plaisir : à ce moment je me dis qu'il était<br />

aussi beau que l'étrangère. Elle semblait la proie de sentiments<br />

divers. Elle essuya quelques larmes qui lui coulaient des yeux et<br />

tendit la main à Félix. Il la baisa avec cérémonie et l'appela, pour<br />

autant que j'aie bien compris, sa douce Arabe. Elle ne parut pas<br />

comprendre mais sourit. Il l'aida à descendre de cheval et, après<br />

avoir congédié le guide, il l'introduisit dans le chalet. Une<br />

conversation s'engagea alors entre lui et son père, et la jeune<br />

étrangère alla s'agenouiller devant le vieil homme et voulut lui<br />

baiser la main. Mais il la releva et l'embrassa avec affection.<br />

« Bientôt, je me rendis compte que l'étrangère prononçait des<br />

sons articulés et semblait posséder un langage qui lui était propre,<br />

si bien qu'elle ne comprenait pas mes amis, pas plus que mes<br />

amis, eux, ne la comprenaient. Ils échangèrent de nombreux<br />

signes que je ne saisis pas davantage mais je voyais que cette<br />

présence répandait la joie dans le chalet et dissipait le chagrin des<br />

fermiers, comme le soleil dissipe le brouillard matinal. Félix avait<br />

l'air plus particulièrement heureux et c'était avec des sourires<br />

radieux qu'il s'affairait auprès de son Arabe. Agatha, la douce<br />

Agatha, étreignit les mains de la jolie étrangère et, en désignant<br />

son frère, elle effectua des signes qui semblaient dire qu'il avait été<br />

fort triste jusqu'ici. Quelques heures s'écoulèrent. Tous les visages<br />

exprimaient la joie mais j'en ignorais la cause. Mais bientôt, par la<br />

répétition fréquente du même son qu'ils prononçaient et que<br />

l'étrangère, pour sa part, ne cessait pas de reproduire, je constatai<br />

qu'elle cherchait à apprendre leur langue. Et l'idée me vint tout à<br />

coup que je pouvais moi-même me servir de cet enseignement<br />

pour des fins similaires. Pour cette première leçon, l'étrangère<br />

apprit plus ou moins vingt mots. Je connaissais la plupart d'entre<br />

eux mais je pus tirer profit des autres.<br />

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