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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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directement le continent. Je tremblais en me demandant quelle<br />

serait la prochaine victime offerte en sacrifice à son insatiable<br />

vengeance. Et je me rappelai alors ses paroles : « Tu me<br />

retrouveras la nuit de tes noces’ » C'était donc à ce moment-là que<br />

s'accomplirait ma destinée. Ce jour-là j'allais mourir et ainsi<br />

seraient satisfaits ses instincts pervers. Cette idée me fit peur.<br />

Pourtant, comme je pensais à ma tendre Élisabeth, la voyant<br />

verser des larmes de tristesse parce qu'on avait arraché de ses bras<br />

celui qu'elle aimait, pour la première fois depuis des mois je me<br />

mis à pleurer et je décidai de tout entreprendre pour ne pas<br />

succomber aux griffes de mon ennemi.<br />

La nuit se passa, et le soleil se leva sur l'océan. J'étais un peu<br />

plus calme, si tant est qu'on puisse parler de calme quand la rage<br />

la plus violente cède la place au désespoir le plus profond. Je<br />

quittai ma maison où s'était déroulée l'épouvantable scène de la<br />

nuit dernière et allai me promener le long du rivage. La mer me fit<br />

l'impression d'une barrière insurmontable dressée entre mes<br />

semblables et moi. Oh ! si au moins cela avait été possible !<br />

J'aurais voulu passer mon existence sur ce rocher dénudé,<br />

péniblement, sans aucun doute, mais ne devant plus subir le choc<br />

soudain d'un malheur. Si je partais, ce serait pour être sacrifié ou<br />

pour voir un de ceux que j'aimais tomber sous l'empire du démon<br />

que j'avais moi-même créé.<br />

J'errai sur l'île comme un spectre inquiet, séparé de tout ce qui<br />

était ma joie, meurtri par cette séparation. Vers midi, alors que le<br />

soleil était à son zénith, je me couchai sur l'herbe et m'abandonnai<br />

à un profond sommeil. J'avais veillé toute la nuit précédente,<br />

j'avais les nerfs à bout et les yeux alourdis par la fatigue et la<br />

tourmente. Le sommeil où je me perdis me fit du bien. Quand je<br />

me réveillai, je sentis que j'appartenais à nouveau au genre<br />

humain et me mis à réfléchir sur les événements avec une plus<br />

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