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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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Je me détournai avec dégoût de cette femme qui était capable<br />

d'adresser des paroles aussi inhumaines à un homme qui venait<br />

tout juste d'échapper à la mort. Mais je me sentais encore faible,<br />

dans l'impossibilité de réfléchir à tout ce qui s'était passé. Tous les<br />

événements de ma vie me semblaient avoir été des rêves. Parfois,<br />

je me demandais aussi si c'était vrai car rien ne se présentait à<br />

mon esprit avec la clarté d'une évidence.<br />

Au fur et à mesure que ces images floues se précisaient, je<br />

devenais plus fiévreux. Les ténèbres se pressaient autour de moi.<br />

Il n'y avait personne à mes côtés pour me parler d'une voix douce<br />

et affectueuse – aucune main pour me secourir. Le médecin<br />

venait, me prescrivait des remèdes que la vieille femme préparait à<br />

mon intention. Mais le premier me manifestait de l'indifférence et,<br />

sur le visage de la seconde, ne se reflétait que la rudesse. Qui, en<br />

dehors du bourreau qui était payé pour me pendre, pouvait<br />

s'intéresser au sort d'un assassin ?<br />

C'étaient là les idées qui me traversaient l'esprit.<br />

Cependant, j'appris bientôt que M. Kirwin avait eu pour moi<br />

les meilleures attentions. Il avait fait en sorte que ma geôle fut la<br />

plus convenable de la prison (mais elle restait bien misérable) et<br />

que je puisse être secouru par un médecin et une garde-malade. Il<br />

est vrai qu'il ne venait pas me voir souvent : quoiqu'il fût désireux<br />

de soulager les souffrances d'un être humain, il ne voulait sans<br />

doute pas assister aux tourments et aux lamentables divagations<br />

d'un assassin. Il venait donc, de temps à autres, constater que l'on<br />

ne me négligeait pas trop mais ses visites étaient brèves et fort<br />

espacées.<br />

Un jour, alors que peu à peu je me rétablissais, j'étais assis sur<br />

une chaise, les yeux à moitié ouverts, le visage aussi livide que<br />

celui d'un mort, plongé dans ma propre misère, et je me disais<br />

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