FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres
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« Un autre événement vint renforcer et confirmer ces<br />
impressions. Peu de temps après mon installation dans la cabane,<br />
je découvris quelques papiers dans la poche d'un vêtement que<br />
j'avais pris dans votre laboratoire. Tout d'abord, je les négligeai<br />
mais maintenant que j'étais en mesure de déchiffrer les caractères<br />
de leur écriture, je me mis à les étudier avec attention. C'était ton<br />
journal des quatre mois qui avaient précédé ma création. Tu y<br />
décrivais minutieusement chaque étape de l'évolution de ton<br />
travail, à côté de circonstances ayant trait à ta vie de tous les jours.<br />
Tu te souviens sans aucun doute de ces notes. Les voici ! Tout ce<br />
qui concerne mes origines maudites y est consigné. Chaque détail<br />
de cette chaîne de faits horribles y est mis en relief. Et y est<br />
donnée aussi la description précise de mon odieuse et repoussante<br />
personne, en des termes qui accusent ta propre horreur et qui<br />
rendent la mienne indélébile. J'étais dégoûté en lisant cela.<br />
“Maudit soit le jour de ma naissance !” m'écriai-je.<br />
« Créateur maudit ! Pourquoi as-tu fabriqué si hideux que<br />
même toi tu détournes avec dégoût ? Dieu dans sa pitié a fait<br />
l'homme beau et attirant, d'après sa propre image. Mais ma forme<br />
n'est qu'une caricature de la tienne – et rendue plus répugnante<br />
encore parce qu'elle lui ressemble. Satan, lui, avait des comparses,<br />
des diables pour l'admirer et l'encourager. Mais moi je suis seul et<br />
haï. Voilà à quoi je songeais dans ma solitude et mon désespoir.<br />
Pourtant, lorsque je pouvais contempler les qualités de mes<br />
voisins, leur amabilité et leur bienveillance, je me persuadais que<br />
dès l'instant où ils s'apercevraient que je leur vouais de<br />
l'admiration ils me prendraient en pitié et ne feraient pas<br />
attention à ma laideur. Pouvaient-ils fermer leur porte à un être<br />
qui, fût-il monstrueux, réclamait leur compassion et leur amitié ?<br />
Je décidai à tout le moins de ne pas désespérer et de me préparer<br />
d'une manière ou d'un autre à un entretien dont dépendrait mon<br />
sort. Je différai ma tentative à plusieurs mois car l'importance que<br />
j'attachais à sa réussite m'inspirait aussi la crainte d'essuyer un<br />
échec’ En outre, je constatais que mon savoir augmentait avec<br />
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