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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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apprenant quel sort misérable avait été réservé à ses premiers<br />

habitants.<br />

« Ces merveilleuses relations m'inspirèrent des sentiments<br />

étranges. L'homme était-il donc à la fois si puissant, si vertueux, si<br />

généreux, si vicieux et si vil ? À certains moments, il apparaissait<br />

comme un agent du principe du mal et, à d'autres, comme une<br />

expression de la noblesse et de la bonté. Être un homme grand et<br />

vertueux, c'était, semble-t-il le plus grand honneur qui pouvait<br />

échoir à une créature sensible. Être vil et vicieux, ainsi que<br />

beaucoup d'individus l'avaient été, c'était la dégradation la plus<br />

basse, une condition plus abjecte que celle de la taupe aveugle ou<br />

du misérable ver de terre. Longtemps, je ne pus concevoir<br />

comment un homme pouvait aller jusqu'à tuer un de ses<br />

semblables ni pourquoi il existait des lois et des gouvernements.<br />

Mais, lorsque j' en appris beaucoup plus sur le vice et les carnages,<br />

mon étonnement cessa et je m'en détournai avec dégoût et<br />

répulsion.<br />

« Chaque conversation entre les fermiers me faisait découvrir<br />

à présent de nouvelles merveilles. Ce fut en suivant l'enseignement<br />

que Félix dispensait à la jeune Arabe que me fut expliqué l’étrange<br />

système qui régissait la société humaine : j'entendis parler de la<br />

division de la propriété, de l'immense richesse des uns, de<br />

l'extrême pauvreté des autres, de la lignée, de la descendance, du<br />

sang bleu.<br />

« Ces propos me poussèrent à réfléchir sur moi-même. Je<br />

m'aperçus que le bien le plus estimé par les créatures humaines<br />

était une origine haute et pure à laquelle la richesse était unie.<br />

Avec un seul de ces avantages, un homme pouvait être respecté.<br />

Sans cela, il était tenu, sauf en de rares exceptions, pour un<br />

vagabond ou un esclave, condamné à sacrifier ses forces au profit<br />

de quelques élus ! Et moi alors, qu'est-ce que j'étais ? J'ignorais<br />

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