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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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Avec ces résolutions, je traversai les montagnes du nord et<br />

choisis, pour théâtre de mes opérations, une des îles les plus<br />

éloignées des Orcades. C’était un endroit qui convenait assez bien<br />

à mon travail, en fait une île rocheuse dont les flancs étaient<br />

continuellement battus par les vagues. Le sol y était pauvre et c'est<br />

à peine s'il offrait un peu de pâture à quelques vaches. Quant aux<br />

habitants ils n'étaient que cinq dont les membres malades et<br />

décharnés prouvaient la vie lamentable. Pour disposer de légumes,<br />

de pain et même d'eau fraîche, ils devaient, lorsqu'ils pouvaient se<br />

permettre ce luxe, gagner le continent, à cinq miles de là.<br />

Dans toute l'île, il n'y avait que trois misérables cabanes dont<br />

une, au moment où j'arrivai, était inoccupée. Je la louai. Elle se<br />

composait de deux pièces où dominaient la crasse et l'abandon. Le<br />

toit de chaume s'était effondré, les murs n'avaient plus de plâtre et<br />

la porte était sortie de ses gonds. Je procédai à quelques<br />

réparations, achetai des meubles et pris possession de cette bâtisse<br />

-ce qui aurait dû sans doute étonner les habitants de l'île s'ils<br />

n'étaient pas à ce point englués dans leur sordide misère. De la<br />

sorte, je vécus à l'abri des regards et de toute gêne et même une<br />

distribution de vêtements et de nourriture ne me valut presque<br />

aucun remerciement, tant ces gens-là, habitués à souffrir, étaient<br />

incapables d'avoir les réactions humaines les plus élémentaires.<br />

La matinée, je la consacrais au travail. Le soir, quand le temps<br />

était favorable, j'allais me promener sur la plage de galets pour<br />

écouter les vagues mugir et bondir à mes pieds. C'était un<br />

spectacle monotone mais qui variait toujours. Je songeais à la<br />

Suisse. Comme elle était différente de ce paysage désolé et<br />

terrifiant ! Ses collines sont couvertes de vignobles, ses chalets<br />

sont disséminés à travers les plaines ! Ses superbes lacs reflètent<br />

des cieux bleus et sereins et, lorsqu'ils sont remués par les vents,<br />

leur tumulte, comparé au rugissement de l'océan immense, n'est<br />

qu'un jeu d'enfant.<br />

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