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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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même, cette hypothèse était extravagante, mais, d'un autre côté,<br />

elle me rassurait car elle garantissait le salut de ma famille. J'étais<br />

angoissé à l'idée que les choses se passent autrement. Pendant<br />

tout le temps où je resterais sous l'empire du monstre, je devais<br />

me laisser aller aux impulsions du moment. J'avais la nette<br />

impression qu'il suivrait mes pas et n'exposerait pas ma famille au<br />

péril de ses machinations.<br />

Ce fut à la fin du mois de septembre que je quittai mon pays<br />

natal. Comme j'avais moi-même nourri ce projet de voyage,<br />

Élisabeth l'accepta mais elle était inquiète à l'idée que, loin d'elle,<br />

je pouvais connaître la tristesse et le chagrin. Par ses soins, Clerval<br />

m'avait été adjoint – et pourtant un homme ne voit pas toujours<br />

les mille et une circonstances de la vie qui retiennent l'attention<br />

d'une femme. Élisabeth aurait voulu que je revienne vite. Une<br />

multitude d'émotions la saisirent au moment des adieux et elle se<br />

mit à pleurer en silence.<br />

Je me ruai dans la voiture qui devait me conduire, ignorant<br />

presque où je partais, ne sachant trop ce qui se passait autour de<br />

moi. Je me souvins seulement – et cela m'angoissait plus que tout<br />

– que je donnai des ordres pour que mes instruments chimiques<br />

soient placés dans mes bagages. La tête en feu, je traversai de<br />

nombreux et magnifiques paysages mais mes yeux ne se fixaient<br />

pas dessus. Je n'étais capable de penser qu'au but de mon voyage<br />

et qu'à la tâche à laquelle je devais me livrer.<br />

Ma morne indolence dura plusieurs jours, tandis que je<br />

parcourais de nombreuses lieues. Quand j'arrivai à Strasbourg,<br />

j'attendis Clerval quarante-huit heures jusqu'à ce qu'il arrivât.<br />

Hélas ! Quel contraste entre nous ! Il s'emballait devant chaque<br />

paysage, se réjouissait des magnificences du soleil couchant, et<br />

était plus ravi encore quand l'aube pointait et que naissait un<br />

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