FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres
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« Au matin, je me glissai hors de mon abri afin d'inspecter le<br />
chalet adjacent et pour voir si je pouvais rester dans la hutte que<br />
j'avais découverte. Elle était située derrière le chalet, entre une<br />
porcherie et un petit étang. Il n'y avait qu'une seule ouverture et<br />
c'était par-là que je m'étais glissé. Je l'occultai et la bouchai avec<br />
des pierres et du bois pour n'être vu par personne mais de telle<br />
sorte que je puisse à l'occasion y repasser. La lumière dont je<br />
jouissais était celle de la porcherie mais elle était suffisante.<br />
« Après avoir aménagé mon abri et après avoir disposé de la<br />
paille sur le sol, je me retirai car je venais de voir, à quelque<br />
distance, la silhouette d'un homme et je me souvenais trop bien du<br />
traitement que j'avais subi la nuit précédente pour me fier à lui.<br />
Mais j'avais préalablement pris soin d'assurer ma subsistance pour<br />
la journée : j'avais du pain et une tasse avec laquelle je pourrais<br />
boire, plus facilement qu'en m'aidant de mes mains, l'eau pure qui<br />
coulait près de mon abri. Le sol était légèrement surélevé, ce qui le<br />
rendait parfaitement sec, et, grâce à la proximité de la cheminée<br />
du chalet, la température était supportable.<br />
« Étant ainsi pourvu, je décidai de rester dans cette hutte<br />
jusqu'au moment où se produirait un événement qui changerait<br />
ma destinée. C'était effectivement un paradis comparé à la forêt,<br />
mon précédent abri, avec les branches gorgées d'eau et le sol<br />
humide. Je mangeai mon repas avec plaisir. J'étais sur le point de<br />
retirer une planche pour aller puiser de l'eau lorsque je perçus un<br />
bruit de pas. À travers une petite fissure, j'aperçus une jeune<br />
créature qui, avec un seau sur la tête, passait devant ma hutte. Il<br />
s'agissait d'une jeune fille d'allure accorte, très différente des<br />
servantes que j'ai eu l'occasion de voir depuis dans les chalets et<br />
les fermes. Et pourtant elle était pauvrement habillée – une jupe<br />
très ordinaire de couleur bleue et un corsage de toile. Ses cheveux<br />
blonds étaient tressés sans aucune parure. Elle avait l'air serein<br />
mais triste. Je la perdis de vue mais, au bout d'un quart d'heure,<br />
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