FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres
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« Bientôt, une légère lueur jaillit dans le ciel et j'éprouvai une<br />
sensation de plaisir. Je me dressai et aperçus une forme<br />
rayonnante parmi les arbres. Je la contemplai avec admiration.<br />
Elle bougeait lentement mais elle éclairait mon chemin et je<br />
repartis à la recherche de baies. Il faisait encore froid, pourtant je<br />
découvris sous un arbre un large manteau dont je me couvris<br />
avant de me rasseoir par terre. Aucune pensée précise ne<br />
m'occupait l'esprit. Tout était confus. Je sentais la lumière, la<br />
faim, le froid, l'obscurité. D'innombrables bruits me tintaient aux<br />
oreilles et, de toutes parts, montaient des parfums multiples. La<br />
seule chose que je pouvais distinguer était la lune lumineuse et je<br />
la fixai avec ravissement. Il y eut plusieurs jours et plusieurs nuits.<br />
La durée de la nuit avait fortement diminué, lorsque je commençai<br />
à différencier mes diverses sensations. Progressivement, je vis le<br />
ruisseau où j'allais boire et les arbres sous les feuillages desquels je<br />
m'abritais. Je fus émerveillé quand je découvris pour la première<br />
fois qu'un son agréable qui m'avait souvent charmé les oreilles<br />
provenait de la gorge des petites créatures ailées qui, de temps à<br />
autres, interceptaient la lumière à mes yeux. Je commençai aussi à<br />
observer de façon beaucoup plus nette les formes qui<br />
m'entouraient et à percevoir les limites de la rayonnante voûte de<br />
lumière au-dessus de moi. Parfois, j'essayais d'imiter les sons<br />
mélodieux des oiseaux mais sans succès. Et parfois aussi<br />
j'éprouvais le besoin d'exprimer mes sensations de ma propre<br />
manière mais les sons rudes et inarticulés qui sortaient de mes<br />
lèvres m'épouvantaient et je retombais dans le silence.<br />
« La lune avait disparu de la nuit puis elle resurgi sous une<br />
forme, plus mince, et j'étais toujours dans la forêt. Dans<br />
l'intervalle, mes sensations étaient devenues bien distinctes et<br />
mon cerveau enregistrait chaque jour des idées nouvelles. Mes<br />
yeux commençaient à s'habituer à la lumière et à percevoir les<br />
objets dans leur forme la plus exacte. Je discernais l'insecte au<br />
milieu de l'herbe et, peu à peu, une herbe d'une autre. Je<br />
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