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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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elle reparut avec son seau qui à présent était partiellement rempli<br />

de lait. Comme elle s'avançait, visiblement gênée par son fardeau,<br />

un jeune homme qui affichait le même air de mélancolie vint à sa<br />

rencontre. Il prit le seau et le porta lui-même jusqu'au chalet. Elle<br />

le suivit et ils disparurent tous les deux. Mais bientôt, je revis le<br />

jeune homme. Il portait des outils à la main et gagnait le champ<br />

derrière le chalet. Quant à la jeune fille, elle travaillait tantôt dans<br />

la maison tantôt dans la cour.<br />

« En inspectant mon logis, je remarquai qu'une des fenêtres<br />

du chalet avait jadis formé une paroi mais que les vitres avaient<br />

été remplacées par des planches. J'y découvris là une fente très<br />

minuscule mais suffisante pour laisser passer le regard. Par cet<br />

interstice, j'aperçus une agréable petite pièce, chaulée et propre<br />

mais presque dépourvue de meuble. Dans un coin, près d'un feu<br />

modeste, se tenait un vieillard, la tête entre les mains dans une<br />

attitude de désolation. La jeune fille était occupée à se mettre de<br />

l'ordre dans le chalet mais, à un moment donné, elle alla, retirer<br />

un objet dans un tiroir qu'elle garda entre les mains avant de<br />

prendre place à côté du vieil homme, lequel se mit à jouer d'un<br />

instrument qui produisait des sons plus doux que la voix de la<br />

grive ou du rossignol. C'était un spectacle délicieux, même pour<br />

moi, pauvre misérable ! qui n'avais jamais rien contemplé d'aussi<br />

beau. Les cheveux argentés et l'agréable expression du vieux<br />

fermier suscitèrent mon respect et, devant les doux gestes de la<br />

fille, j'étais saisi d'amour. Il joua un air tendre et triste qui, je m'en<br />

aperçus, arracha des larmes chez son aimable compagne mais le<br />

vieillard n'y fit vraiment attention que lorsqu'elle se mit à<br />

sangloter. Il prononça alors quelques mots et la jolie créature,<br />

abandonnant son ouvrage, s'agenouilla à ses pieds. Il la releva et<br />

lui sourit avec tant de gentillesse et d'affection que j'éprouvai des<br />

sensations d'une nature particulièrement accablante. C'était un<br />

mélange de peine et de plaisir que je n'avais connu auparavant,<br />

que ce fût avec la faim ou le froid, que ce fût avec la chaleur ou<br />

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