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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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quelque bon génie me surveillait encore et guidait mes pas aux<br />

heures où j'étais meurtri, où je me débattais dans d'inextricables<br />

difficultés. De temps à autres, quand j'étais rongé par la faim,<br />

quand les forces me manquaient, je trouvais de quoi manger dans<br />

un lieu désert et cela me ravigotait. C'étaient, il est vrai, souvent<br />

des aliments grossiers, comme ceux que mangeaient les paysans<br />

de la région, mais je ne doutais pas que ces vivres avaient été<br />

déposés là par les esprits dont j'avais imploré le soutien. Et<br />

souvent aussi, quand régnait la sécheresse et que j'avais<br />

terriblement soif, des nuages venaient obscurcir le ciel et la pluie<br />

qui tombait alors me permettait d'étancher ma soif, avant de<br />

disparaître.<br />

Je suivais, si cela était possible, les cours d'eau. Mais<br />

d'ordinaire le monstre les évitait car c'était là que les populations<br />

étaient les plus nombreuses. Aux autres endroits, il y avait peu de<br />

gens et je devais généralement me nourrir de la chair des animaux<br />

sauvages que je rencontrais sur ma route. J'avais de l'argent et, en<br />

en distribuant un peu, je gagnais la confiance des villageois, ou<br />

encore je leur offrais l'animal que j'avais tué après en avoir prélevé<br />

un petit morceau pour moi, en échange d'un feu et de quelques<br />

ustensiles de cuisson.<br />

Telle qu'elle se passait, ma vie m'était sans doute odieuse et ce<br />

n'est que dans le sommeil que je goûtais un peu de joie. Ô sommeil<br />

béni ! Souvent, quand ma misère était à son comble, le repos<br />

m'entraînait vers les rêves les plus délicieux. Les esprits veillaient<br />

sur moi et m'apportaient quelques moments ou quelques heures<br />

de félicité afin que je garde assez de force pour remplir ma<br />

mission. Sans cela, j'aurais sombré dans la propre détresse. Et<br />

pendant la journée, j'étais soutenu et enhardi par les espérances<br />

de la nuit. Dans mon sommeil, je voyais mes amis, mon épouse,<br />

mon pays tant aimé. Je voyais le doux visage de mon père,<br />

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