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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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« Je crains néanmoins que tu ne sois toujours dans les mêmes<br />

dispositions d'esprit que celles qui te rendaient si malheureux il y<br />

a un an – et peut-être, au fil du temps, éprouves-tu plus de chagrin<br />

encore. Mais je m'en voudrais de te troubler en ce moment, alors<br />

que tu as déjà été si malmené. Il n'empêche ! J'ai conversé avec<br />

mon oncle avant son départ pour l'Irlande et j'en conclus qu'une<br />

explication est nécessaire entre nous.<br />

« Une explication ! vas-tu te demander. Quelle explication<br />

Élisabeth veut-elle donner ? Si tu te poses réellement cette<br />

question, c'est que mes préoccupations sont sans fondement et<br />

que mes doutes n'ont aucune raison d'être. Mais tu es loin de moi<br />

et il est possible que cette explication te fasse peur et qu'en même<br />

temps tu la souhaites. Si c'est le cas, je ne peux pas retarder plus<br />

longtemps ce besoin que j'ai de t'écrire ce que j'ai si souvent voulu<br />

exprimer pendant ton absence mais que je n'ai jamais eu le<br />

courage d'entreprendre.<br />

« Tu sais bien, Victor, que depuis notre enfance nos parents<br />

ont caressé l'espoir que nous nous mariions. Quand nous étions<br />

jeunes, ils en parlaient déjà et ils avaient la certitude que ce projet<br />

serait réalisé. À cette époque, nous nous aimions comme des<br />

camarades de jeu et je crois qu'au fur et à mesure que nous avons<br />

grandi nous sommes devenus des amis chers. Souvent, un frère et<br />

une sœur éprouvent l'un pour l'autre une profonde affection sans<br />

que l'amour entre en ligne de compte. Pourquoi n'en serait-il pas<br />

ainsi pour nous ? Dis-le moi, mon cher Victor. Je t'en prie,<br />

réponds-moi, pour notre bonheur à tous deux, sincèrement : estce<br />

que tu n'en aimes pas une autre ?<br />

« Tu as voyagé, tu as passé plusieurs années de ta vie à<br />

Ingolstadt et je t'avoue, mon ami, que lorsque, l'automne dernier,<br />

je t'ai vu si malheureux, cherchant la solitude, fuir la compagnie<br />

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