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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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supporter le froid que la chaleur. Ma plus grande joie avait été le<br />

spectacle des fleurs, des oiseaux, des beautés estivales. Quand tout<br />

cela disparut, je reportais toute mon attention sur les habitants du<br />

chalet. La fuite de l'été n'avait nullement perturbé leur bonheur.<br />

Ils s'aimaient et s'appréciaient mutuellement, chacun trouvait sa<br />

joie chez l'autre et ce n'était pas les contingences extérieures qui<br />

pouvaient les affliger. Plus je les voyais, plus grand, était mon<br />

désir de solliciter leur protection et leur tendresse. Mon cœur<br />

brûlait de connaître et d'aimer ces êtres si généreux. Voir leurs<br />

doux regards se poser sur moi avec affection, c’était l'idéal vers<br />

lequel je tendais. Je n'osais pas penser qu'ils se détourneraient de<br />

moi avec horreur et dédain. Le pauvre qui s'arrêtait devant leur<br />

porte n'était jamais éconduit. Je demandais à la vérité de plus<br />

grands trésors qu'un peu de nourriture ou de repos : j'exigeais leur<br />

affection et leur sympathie. Et de cela, je ne me croyais pas<br />

indigne.<br />

« L'hiver avançait. Le cycle complet des saisons s'était déroulé<br />

depuis que je m'étais éveillé à la vie. Durant cette période, je<br />

m'appliquai uniquement à préparer le plan qui me ferait pénétrer<br />

dans le chalet de mes protecteurs. J'élaborai de nombreux projets<br />

et me décidai finalement à entrer dans la maison lorsque le vieil<br />

aveugle serait seul. J'avais assez de sagacité pour me rendre<br />

compte que ma laideur physique avait constitué le principal objet<br />

d'horreur pour ceux qui m'avaient entrevu. Ma voix, quoique rude,<br />

n'avait en elle-même rien de terrible. Je pensais donc qu'en<br />

l'absence de ses enfants je pouvais gagner la confiance et la<br />

médiation du vieux De Lacey et qu'à travers lui je pourrais me<br />

faire accepter par mes jeunes protecteurs.<br />

« Un jour, comme le soleil brillait sur les feuilles rougeâtres<br />

qui jonchaient le sol et, bien qu’il ne fît pas chaud, répandait la<br />

joie, Safie, Agatha et Félix partirent en promenade, de telle sorte<br />

que le vieillard, ainsi que je l'avais espéré, resta seul chalet. Quand<br />

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