FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres
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de démons se propagerait sur le monde et, tout en semant la<br />
terreur, mettrait l'existence du genre humain en péril. Avais-je le<br />
droit, pour servir mes propres intérêts, d'infliger cette malédiction<br />
sur les générations à venir ? J'avais d'abord été touché par les<br />
sophismes de l'être que j'avais créé je m'étais laissé impressionner<br />
par ses menaces diaboliques, mais, maintenant, pour la première<br />
fois, le péril que constituait ma promesse s’imposa à moi. Je<br />
tremblai en pensant que les générations futures me maudiraient<br />
comme la peste, moi qui n'avais pas hésité, pour sauvegarder ma<br />
propre paix, de compromettre sans doute la survie de la race<br />
humaine tout entière.<br />
Je frissonnai. Mon cœur se souleva tout à coup, lorsque,<br />
redressant la tête, je vis au clair de lune le monstre qui me fixait<br />
par la fenêtre. Un rictus immonde lui tordait les lèvres au moment<br />
où il me regardait, alors qu'il était venu constater l'état<br />
d'avancement des travaux qu'il m'avait imposée. Ainsi donc, il<br />
m'avait suivi dans mes périples ! Il avait parcouru les forêts, s'était<br />
dissimulé dans des grottes, s'était réfugié parmi les bruyères et les<br />
landes désertes ! Et, à présent, il venait pour apprécier mes<br />
progrès et exiger que je remplisse ma promesse jusqu'au bout.<br />
Tandis que je le regardais, sa figure exprima la traîtrise et la<br />
malice la plus noire. Je me rendis compte à quel point j'avais été<br />
fou de lui promettre une créature qui lui ressemblerait et,<br />
tremblant à l'excès, je mis en pièce tout ce que j'avais entrepris. Le<br />
monstre me vit détruire la créature dont l'existence future allait lui<br />
assurer le bonheur et, avec un hurlement de désespoir et de<br />
vengeance, il disparut.<br />
Je quittai le laboratoire et, après avoir fermé la porte à clef, je<br />
fis le serment solennel de ne plus jamais reprendre mes travaux.<br />
Puis, d'un pas hésitant, je gagnai ma chambre à coucher. J'étais<br />
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