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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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paraissait cependant lointaine. Des heures et des heures, je restais<br />

assis, immobile, prostré, attendant une catastrophe brutale qui<br />

nous engloutirait, mon destructeur et moi dans ses ruines.<br />

L'ouverture des assises approchait. Il y avait déjà trois mois<br />

que j'étais en prison et, quoique je fusse encore très faible et<br />

toujours exposé à une rechute, je fus contraint de parcourir une<br />

centaine de miles pour gagner la ville où siégeait le tribunal.<br />

M. Kirwin s'occupa lui-même de convoquer les témoins et de<br />

pourvoir à ma défense. On m'épargna la disgrâce de paraître en<br />

public comme un criminel car l'affaire ne fut pas débattue devant<br />

la cour qui décide de la peine de mort.<br />

Après avoir établi la preuve que je me trouvais bien dans les<br />

Orcades quand le corps de mon ami avait été découvert, le grand<br />

jury m'acquitta. Et, quinze jours après mon transfert, j'étais donc<br />

libéré. Le fait que j'étais ainsi lavé de tout soupçon soulagea mon<br />

père : j'allais de nouveau respirer l'air pur et revenir au pays natal.<br />

Mais je ne partageais pas ses sentiments : les murs d'une prison ou<br />

ceux d'un palais, pour moi c'était du pareil au même.<br />

Désormais ma vie était empoisonnée. Le soleil avait beau<br />

briller pour moi, comme pour ceux qui ont le cœur en paix, je ne<br />

voyais alentour que des ténèbres épaisses, je ne distinguais aucune<br />

lueur, sinon celle que reflétaient deux yeux horribles. Et parfois<br />

c'étaient aussi les yeux d'Henry, obscurcis par la mort, les orbites<br />

sombres à demi cachées par les paupières et par la frange des cils.<br />

Et parfois encore c'étaient les yeux humides et nébuleux du<br />

monstre, tels que je les avais vus la première fois dans ma<br />

chambre à Ingolstadt.<br />

Mon père essayait de ranimer en moi des sentiments<br />

d'affection. Il me parlait de Genève que j'allais revoir bientôt,<br />

d'Élisabeth, d'Ernest. Mais ses paroles me faisaient gémir. De loin<br />

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