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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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milliers de petits faits avaient dû également, par à- coups,<br />

transformer les choses et prendre un caractère décisif. La peur me<br />

torturait. Je craignais d'avancer, je redoutais mille contrariétés<br />

inconnues, indéfinissables, qui me faisaient trembler.<br />

Je restai deux jours à Lausanne, dans ce pénible état d'esprit.<br />

Je contemplai le lac : ses eaux étaient calmes, tout alentour était<br />

tranquille, et les montagnes couvertes de neige, « ces palais de la<br />

nature », n'avaient pas changé. Par degrés, le calme et la quiétude<br />

des paysages me réconfortèrent et je poursuivis mon voyage en<br />

direction de Genève. La route emprunte le contour du lac, lequel<br />

se rétrécit aux approches de Genève. Je distinguai avec plus de<br />

netteté les flancs noirs du Jura et le radieux sommet du mont<br />

Blanc’ Je pleurais comme un gosse. « Chères montagnes ! Mon lac<br />

merveilleux ! Comment accueillez-vous votre voyageur ? Vos<br />

sommets sont clairs, le ciel et le lac sont bleus et sereins. Est-ce un<br />

présage de paix ou un défi à mon malheur ? »<br />

Je crains, mon ami, que vous ne vous ennuyiez à l'exposé de<br />

ces circonstances préliminaires mais ce furent là des jours de<br />

bonheur relatif et je les évoque avec plaisir. Mon pays, m'on pays<br />

tant aimé ! Qui mieux qu'un autochtone peut apprécier avec<br />

enchantement ces cours d'eau, ces montagnes et, par-dessus tout,<br />

ce lac splendide ?<br />

Cependant, comme je me rapprochais de chez moi, le chagrin<br />

et la peur refirent surface. La nuit, tout autour, commençait à<br />

tomber et, quand je ne pus distinguer qu'avec peine les sombres<br />

montagnes je me sentis plus déprimé encore. Le paysage<br />

m'apparaissait comme une vaste et obscure scène maléfique et je<br />

prévoyais sourdement que j'étais condamné à devenir la plus<br />

misérable des créatures. Hélas ! ce pressentiment n'allait être<br />

infirmé que sur un seul point : dans tout le malheur que j'avais<br />

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