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FRANKENSTEIN - Diogene éditions libres

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l'expérience de chaque jour et je ne voulais pas amorcer ce contact<br />

avant que quelques autres mois n’eussent ajouté à ma sagacité.<br />

« Dans l'intervalle, certains changements s'étaient produits au<br />

chalet. La présence de Safie répandait le bonheur parmi ses<br />

occupants et je remarquai qu'il y régnait une plus grande<br />

abondance. Félix et Agatha passaient davantage de temps à se<br />

distraire et à discuter et, dans leurs tâches, ils étaient aidés par des<br />

domestiques. Ils ne paraissaient pas riches mais ils étaient<br />

contents et heureux. Leurs sentiments étaient sereins et paisibles<br />

alors que les miens devenaient chaque jour plus tumultueux. Tout<br />

en développant mon savoir, je voyais de plus en plus clairement<br />

quel misérable j'étais. Il est vrai que j'étais plein d'espoir – espoir<br />

qui s'évanouissait pourtant lorsque j'apercevais mon reflet, dans<br />

l’eau ou mon ombre au clair de lune, même si ce n'était là qu'une<br />

image tenue et inconsistante.<br />

« Je m'encourageais à chasser ces inquiétudes et à me<br />

préparer pour l'épreuve que j'étais décidé à subir dans quelques<br />

mois. Parfois, je laissais mes pensées sortir des sentiers de la<br />

raison et errer parmi les jardins du paradis, et j'imaginais que de<br />

charmantes et aimables créatures sympathisaient avec moi et<br />

m'arrachaient de mes ténèbres, tandis que des sourires de<br />

consolation irradiaient leur visage angélique. Mais ce n'était que<br />

des rêves – il n'y avait pas d'Ève pour me charmer et détruire mes<br />

peines. J'étais seul. Je me souvenais des supplications d’Adam à<br />

son Créateur. Où était le mien ? Il m'avait abandonné et, le cœur<br />

amer, je le maudissais !<br />

« L'automne se passa ainsi. Avec surprise et regret, je vis les<br />

feuilles se flétrir et tomber et la nature reprendre son aspect froid<br />

et triste, telle qu'elle était la première fois que j'avais découvert les<br />

forêts et la lune. Pourtant je ne souffrais pas des rigueurs du<br />

climat, étant donné que ma conformation me disposait à mieux<br />

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