Evaluation conjointe de la coopération de la Commission ... - OECD
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ÉVALUATION CONJOINTE DE LA COOPÉRATION<br />
AVEC LE NIGER 2000-2008<br />
signaux positifs <strong>de</strong>s années 2006 à 2008, <strong>la</strong> condition sine qua non <strong>de</strong> durabilité <strong>de</strong>s interventions<br />
<strong>de</strong>s DPE n’est pas remplie : une croissance économique par habitant suffisante pour qu’elle se<br />
traduise par une évolution positive <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie, même en milieu rural.<br />
La croissance du PIB par habitant <strong>de</strong> 1% par an visée par <strong>la</strong> SRP et atteinte durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2000-<br />
2007 est insuffisante et n’offre pas d’espoir <strong>de</strong> durabilité <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> 193 . Par contre, une<br />
croissance du PIB par habitant <strong>de</strong> 4%, telle que proposée par <strong>la</strong> SDRP, conduirait à tripler le revenu<br />
moyen par habitant en 2036, et le conduire à 681 EUR, ce qui reste très peu. Mais une telle<br />
évolution pourrait induire <strong>de</strong>s comportements natalistes différents, plus <strong>de</strong> moyens pour l’Etat,<br />
une certaine évolution <strong>de</strong>s techniques agricoles et ouvrir <strong>de</strong>s perspectives à tous, y compris à une<br />
indépendance progressive par rapport à l’ai<strong>de</strong>.<br />
Au Niger, au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> décennie 2000-2008 et a fortiori au cours <strong>de</strong>s décennies précé<strong>de</strong>ntes, les<br />
DPE comme les autres bailleurs ont pratiqué l’ai<strong>de</strong> sans développement et n’en ont pas tiré toutes<br />
les conclusions. Parmi celles-ci, les suivantes sont importantes :<br />
<br />
Une ai<strong>de</strong> peut être constituée d’interventions pertinentes et efficaces tout en étant<br />
incapable d’induire une croissance économique par habitant susceptible d’offrir <strong>de</strong>s<br />
perspectives <strong>de</strong> durabilité. Ceci peut résulter <strong>de</strong> plusieurs facteurs non exclusifs :<br />
a. Le volume d’ai<strong>de</strong> est insuffisant : c’est ce que suggère <strong>la</strong> SDRP, qui reconnaît que le<br />
scénario <strong>de</strong> croissance à 7% par an (4% par an par habitant) implique un<br />
accroissement considérable <strong>de</strong>s volumes d’ai<strong>de</strong>.<br />
b. Les allocations <strong>de</strong> ressources <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> peuvent être pertinentes mais leur répartition<br />
n’est pas optimisée dans une perspective <strong>de</strong> soutien à cette croissance. L’immensité<br />
<strong>de</strong>s besoins du Niger face à <strong>la</strong> rareté <strong>de</strong>s ressources nécessaires pour y subvenir, le<br />
caractère très <strong>la</strong>rge et très ouvert <strong>de</strong>s stratégies générales et sectorielles, ont pour<br />
effet que tout est pertinent ou presque, et donc que rien n’empêche <strong>la</strong> dispersion<br />
<strong>de</strong>s ressources. Par contre, on trouve peu <strong>de</strong> réflexions en termes <strong>de</strong> chemins<br />
critiques et d’optimisation d’allocation <strong>de</strong> ressources 194 . Ce<strong>la</strong> impliquerait un<br />
193 Rappelons ce qui a été dit en section 3 sur cet enjeu crucial : <strong>la</strong> projection à 30 ans <strong>de</strong>s tendances actuelles ne <strong>la</strong>isse aucun<br />
espoir <strong>de</strong> durabilité <strong>de</strong>s interventions, bien au contraire : en 2036 les 13 millions <strong>de</strong> Nigériens dont <strong>la</strong> démographie croit au<br />
rythme annuel <strong>de</strong> 3,3% seront 34,5 millions. Si <strong>la</strong> croissance annuelle <strong>de</strong> leurs revenus n’est que <strong>de</strong> 1% par an, ce qui<br />
correspond à ce qu’elle a été entre 2000 et 2007, le PIB annuel passera <strong>de</strong> 210 EUR/hab en 2006 à 283€/hab. en 2036, ce qui<br />
signifie une évolution pratiquement nulle <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie et, pour <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s Nigériens une perception <strong>de</strong><br />
stagnation, probablement entrecoupée <strong>de</strong> crises socialement douloureuses. Il en découle notamment :<br />
- qu’il y a peu <strong>de</strong> chances qu’à niveau <strong>de</strong> vie comparable, on puisse espérer une modification significative <strong>de</strong>s<br />
comportements en termes <strong>de</strong> natalité ;<br />
- que <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> financer <strong>de</strong>s services publics sera, au mieux, proportionnellement inchangée mais<br />
probablement plus faible, sauf croissance importante et soutenue <strong>de</strong>s recettes minières;<br />
- qu’en 2036, dans 27 ans, <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sera, au mieux, <strong>la</strong> même par habitant, c’est-à-dire que pour fournir le<br />
même appui qu’actuellement, a priori sans plus <strong>de</strong> perspective <strong>de</strong> soutenabilité, les bailleurs auront dû tripler leur ai<strong>de</strong><br />
au Niger.<br />
- que cette ai<strong>de</strong> ne fera, comme c’est le cas actuellement, que protéger certains groupes <strong>de</strong>s pires effets d’une misère<br />
générale sans perspective <strong>de</strong> progrès.<br />
Notons en outre que cette hypothèse est optimiste car elle suppose notamment que <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ressources naturelles<br />
délivrera en 2036 trois fois plus <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> subsistance à une popu<strong>la</strong>tion trois fois plus importante, mais qui aura à peu<br />
près les mêmes moyens pour valoriser ces ressources. Elle suppose également que l’absence <strong>de</strong> perspectives qu’offre un<br />
tel scénario n’aura pas poussé le Niger vers le chaos politique ou les régimes les plus autoritaires.<br />
194 Il est intéressant <strong>de</strong> noter que tant <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Paris que le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> Conduite Européen encouragent <strong>la</strong> concentration<br />
<strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong>s bailleurs sur un nombre limité <strong>de</strong> secteurs. Cette démarche est toutefois conçue dans une logique<br />
d’efficience plutôt que d’efficacité. Les arguments utilisés évoquent les coûts <strong>de</strong> transaction, tant pour le gouvernement<br />
qui doit traiter avec un trop grand nombre <strong>de</strong> bailleurs dans chaque secteur, que pour les bailleurs <strong>de</strong> fonds eux-mêmes,<br />
qui doivent gérer <strong>de</strong>s ressources trop dispersées. En revanche, on ne trouve pas d’arguments visant directement<br />
l’efficacité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>, c’est-à-dire sa capacité <strong>de</strong> contribuer à un changement durable dans <strong>la</strong> société aidée. Ceci qui<br />
impliquerait par exemple <strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>r une définition plus précise <strong>de</strong>s changements souhaités dans le PRSP, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns<br />
d’actions plus focalisés et mieux suivis, axés sur les changements durables à obtenir, qui tiennent compte <strong>de</strong>s ressources<br />
Rapport final 106