Evaluation conjointe de la coopération de la Commission ... - OECD
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ÉVALUATION CONJOINTE DE LA COOPÉRATION<br />
AVEC LE NIGER 2000-2008<br />
2006 à 283 EUR/hab en 2036, ce qui signifie une évolution pratiquement nulle <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie et,<br />
pour <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s Nigériens, une perception <strong>de</strong> stagnation, probablement entrecoupée <strong>de</strong><br />
crises douloureuses.<br />
La projection sur 30 ans <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance économique annuelle par habitant observée au cours <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2000-2008 a donc les implications suivantes :<br />
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Il y a peu <strong>de</strong> chances qu’à niveau <strong>de</strong> vie comparable, on puisse espérer une modification<br />
significative <strong>de</strong>s comportements en termes <strong>de</strong> natalité ;<br />
La capacité <strong>de</strong> l’Etat <strong>de</strong> financer <strong>de</strong>s services publics sera, au mieux, proportionnellement<br />
inchangée mais probablement plus faible, sauf croissance importante et soutenue <strong>de</strong>s<br />
recettes minières ;<br />
En 2036, <strong>la</strong> dépendance <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> sera au mieux <strong>la</strong> même, c’est-à-dire que pour fournir le<br />
même appui qu’aujourd’hui, les bailleurs auront dû tripler leur ai<strong>de</strong> au Niger.<br />
Cette ai<strong>de</strong> ne fera, comme c’est le cas actuellement, que protéger certains groupes <strong>de</strong>s<br />
pires effets d’une misère générale, sans perspective <strong>de</strong> progrès.<br />
Notons en outre que cette hypothèse est optimiste car elle suppose notamment que <strong>la</strong> base <strong>de</strong><br />
ressources naturelles délivrera dans 30 ans trois fois plus <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> subsistance à une<br />
popu<strong>la</strong>tion trois fois plus importante, mais qui aura à peu près les mêmes moyens techniques pour<br />
valoriser ces ressources. Elle suppose également l’absence <strong>de</strong> famine majeure alors que<br />
l’instabilité climatique augmente et que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion y est <strong>de</strong> plus en plus vulnérable. Elle<br />
suppose enfin que dans ce contexte, les Nigériens n’auront pas été poussés vers le chaos<br />
politique, l’émigration massive ou les régimes les plus autoritaires.<br />
Rappelons que le Niger a régulièrement perdu <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ces dans le c<strong>la</strong>ssement IDH dont il occupe<br />
maintenant le <strong>de</strong>rnier rang. A <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> sous revue, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion du Niger est donc<br />
reconnue comme étant <strong>la</strong> plus pauvre du mon<strong>de</strong> et tout indique que sa situation continue à se<br />
dégra<strong>de</strong>r.<br />
3.2.4. Une économie rurale en crise permanente<br />
Au cours du 20 ème siècle, <strong>la</strong> croissance démographique combinée à l’évolution <strong>de</strong> conditions<br />
pluviométriques (recul <strong>de</strong>s isohyètes) ont conduit « à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités d’occupation <strong>de</strong> l’espace<br />
incompatibles avec l’agriculture et un élevage extensif » 25 . Sous ces pressions démographiques,<br />
climatiques et environnementales, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production se sont transformés 26 favorisant <strong>la</strong><br />
fitoussi.fr/documents/rapport_francais.pdf) recomman<strong>de</strong> d’intégrer dans <strong>la</strong> mesure du progrès économique <strong>de</strong>s<br />
indicateurs portant sur le patrimoine (notamment environnemental), <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s richesses, le développement <strong>de</strong>s<br />
« capacités » <strong>de</strong>s individus et <strong>de</strong>s sociétés, le bien-être « subjectif » dans lequel entrent <strong>de</strong>s considérations <strong>de</strong> perspectives<br />
pour les ménages, <strong>de</strong> confiance dans l’avenir, <strong>de</strong> cohésion sociale, <strong>de</strong> sécurité, etc. A l’aune d’un indice complexe<br />
comprenant <strong>de</strong> telles dimensions, il est probable que les performances du Niger au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières décennies<br />
seraient perçues comme encore plus préoccupantes et que l’évolution attendue « ceteris paribus » serait franchement<br />
négative : dégradation qualitative et quantitative du patrimoine en ressources naturelles accessible par habitant, insécurité<br />
croissante liée au contexte politique, mais aussi à <strong>la</strong> perte <strong>de</strong>s solidarités sociales, aux crises <strong>de</strong> valeurs traditionnelles, à <strong>la</strong><br />
totale dépendance <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> facteurs exogènes tels que le climat, le prix <strong>de</strong>s matières premières, <strong>la</strong> situation<br />
économique du Nigéria, etc… En termes <strong>de</strong> répartition, il est probable que <strong>la</strong> société <strong>de</strong>vienne <strong>de</strong> plus en plus inégalitaire à<br />
mesure que les sources <strong>de</strong> revenus se diversifient.<br />
25 Nourrir, éduquer et soigner tous les Nigériens, <strong>la</strong> démographie en perspective, J. May, S. Harouna et J-P Guengant, Banque<br />
Mondiale, 2004.<br />
26 Parmi ces transformations, on a observé une augmentation <strong>de</strong>s superficies cultivées refou<strong>la</strong>nt le pastoralisme aux terres<br />
les plus marginales, <strong>la</strong> montée du front agricole vers <strong>de</strong>s espaces dévolus précé<strong>de</strong>mment aux pâturages, <strong>la</strong> quasi<br />
suppression <strong>de</strong>s jachères et <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> fertilité <strong>de</strong>s sols entrainant une baisse <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments, l’appropriation<br />
exclusive par les propriétaires <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong>s résidus <strong>de</strong> récolte et <strong>de</strong> <strong>la</strong> paille désormais exportée vers les villes,<br />
Rapport final 28