Evaluation conjointe de la coopération de la Commission ... - OECD

ÉVALUATION CONJOINTE DE LA COOPÉRATION
AVEC LE NIGER 2000-2008
La production agricole irriguée : le développement de l’irrigation a le mérite de promouvoir une
activité moins dépendante des aléas climatiques que l’agriculture pluviale ou même l’élevage.
Toutefois, les échecs du passé inciteront à la prudence et à une analyse préalable des leçons de
l’expérience acquise. La généralisation de l’irrigation privée et la professionnalisation des acteurs
devraient continuer à constituer les principes directeurs du développement de l’irrigation. A l’examen
des performances obtenues exprimées par de faibles rendements, un faible niveau d’aménagement et
un tissu entrepreneurial peu développé, il ressort que beaucoup d’efforts sont encore nécessaires.
C’est dans le domaine de la sécurisation de l’accès au foncier et à l’eau, notamment pour les femmes,
ainsi que dans celui de l’appui technique, institutionnel et financier que des interventions pourraient se
développer.
1.7.3 Le problème d’accompagnement du financement rural s’est certes atténué ces dernières décennies, mais
les instruments financiers adaptés au monde rural restent malgré tout rares et peu performants.
1.7.4 Le développement d’infrastructures de marché et de stockage en appui aux initiatives des communautés
locales et des privés (mais aussi de partenariats public-privé dans la construction de magasins) associé
à l’établissement d’un cadre juridique favorable au warrantage et à des normes claires et applicables
pour les entrepôts agréés et les produits de base réceptionnés 230 .
1.8 Les ressources humaines :
Tant les capacités d’action publique que le développement d’entreprise privées sont lourdement handicapés par
la rareté des compétences disponibles, notamment au niveau technique et de gestion. Le développement de
ces capacités constitue une urgence à laquelle il faut répondre par un investissement dans les formations
secondaires, professionnelles, techniques et supérieures accompagnés de programmes de bourses d’études à
l’étranger. Dans un souci de ciblage des investissements, les priorités seront strictement guidées par une
analyse des besoins du marché du travail.
1.9 Un ralentissement de la natalité :
Toutes les pistes évoquées ci-dessus visent à accélérer la croissance économique par habitant. Il est bien évident
que la baisse de la natalité contribuerait également à cet objectif, et réduirait la pression exercée sur les services
publics. Depuis février 2007, le Gouvernement du Niger a formulé une Déclaration en matière de Politique de
population. La stratégie consiste, d’une part, à mettre en œuvre une politique de population transversalement
aux autres secteurs, et d’autre part, à s’appuyer sur les organisations de la société civile. Il est recommandé que
les DPE, appuient cette politique comme le font déjà certains dans le cadre du Projet démographique
multisectoriel (PRODEM), qui comporte un volet genre, éducation, information et communication sur les
mariages précoces et un volet santé de la reproduction dont le budget est destiné à 70% au PDS en vue
d’appuyer les structures déconcentrées, districts, centres de santé en partenariat avec les universités,
associations de sages femmes et médecins
Ces pistes sont présentées ici à titre strictement exploratoire. L’identification des priorités implique un effort
d’analyse important dans des zones mal explorées, une réduction drastique du nombre d’objectifs à poursuivre, un
travail stratégique qui va au-delà de la liste d’objectifs et définit de réelles priorités et programmes.
2. OBJECTIF DE SOLIDARITE SOCIALE ET DE PROTECTION DES PLUS FAIBLES :
Seule une croissance économique élevée par habitant offre une perspective de réduction du nombre de pauvres et
de victimes de l’extrême pauvreté. Dans tous les cas, le nombre de personnes dans cette situation restera très élevé
pendant encore plusieurs décennies. Une intervention de longue durée des DPE, directement ciblée sur ces
catégories, reste nécessaire. Les politiques publiques tiendront particulièrement compte de cette importante
fraction de la population. Elles seront soutenues par les DPE dans une perspective d’appui de longue durée.
L’appréciation de la performance de la politique de solidarité sociale pourrait être appréciée sur base de l’évolution
de certains indicateurs de moyens de subsistance de groupes appartenant au quintile de revenus le plus faible de la
population 231 . Ils permettraient d’apprécier d’une part dans quelle mesure l’effort consenti pour augmenter la
croissance du revenu moyen a un impact (positif ou négatif) sur les plus pauvres et d’autre part les effets des
politiques qui leur sont plus spécifiquement dédiées. La pauvreté touche plus de 20% de la population, mais
concevoir un suivi des moyens de subsistance des 20% les plus pauvres permet de focaliser ce deuxième volet de
l’aide sur la réduction de l’extrême pauvreté. Cette fraction de la population pourrait bénéficier de véritables
formes de solidarité sociale « Nord-Sud » se substituant pour plusieurs décennies à une solidarité sociale nationale
dont le Niger n’aura pas les moyens avant longtemps. Ceci ne signifie pas qu’il ne faut pas augmenter la pression
fiscale dans le pays, mais que ces impôts pourraient être consacrés en priorité à tenter de mettre en place les
conditions de la croissance économique (volet 1 ci-dessus).
L’objectif de solidarité sociale pourrait comprendre les activités suivantes.
230 Source : J. Coulter, Revue du warrantage paysan au Niger, AFD, 2009.
231 On pourrait notamment s’inspirer pour identifier ces indicateurs du pentagone des « assets » défini par DFID dans
l’approche « sustainable livelihoods » que cette institution défend depuis le début des années 2000.
Rapport final 131