Evaluation conjointe de la coopération de la Commission ... - OECD
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ÉVALUATION CONJOINTE DE LA COOPÉRATION<br />
AVEC LE NIGER 2000-2008<br />
stratégies du gouvernement. Ceci n’empêche pas certaines différences <strong>de</strong> priorités (importance<br />
accordée à l’appui à <strong>la</strong> croissance accélérée). L’absence <strong>de</strong> hiérarchisation <strong>de</strong>s priorités implique<br />
l’absence d’arbitrages budgétaires : tout ce qui est pertinent peut être financé. Or coopérer au<br />
développement, ou tenter d’atténuer les effets d’un processus <strong>de</strong> dégradation générale <strong>de</strong>s conditions<br />
<strong>de</strong> vie dont on ne peut inverser <strong>la</strong> tendance, constituent <strong>de</strong>s démarches très différentes. Rien n’indique<br />
dans leurs documents stratégiques que les DPE aient pris <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> ce défi.<br />
Les stratégies <strong>de</strong>s DPE sont généralement cohérentes entre elles, dans le sens où <strong>la</strong> cohérence est<br />
comprise comme l’absence <strong>de</strong> contradiction. Ceci n’empêche pas <strong>la</strong> dispersion <strong>de</strong>s ressources. Le choix<br />
<strong>de</strong> plusieurs DPE <strong>de</strong> se concentrer sur <strong>de</strong>s zones géographiques précises a limité les interactions entre<br />
leurs interventions. On observe donc peu <strong>de</strong> problèmes d’incohérences entre leurs interventions, mais<br />
également peu <strong>de</strong> synergies, sauf entre le Luxembourg et <strong>la</strong> Belgique à Dosso.<br />
Le taux <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s interventions a généralement été élevé entre 2000 et 2008, sauf là où le<br />
dialogue s’est bloqué (éducation). Néanmoins, les résultats qui en découlent sont le plus souvent mal<br />
connus car mal définis au démarrage <strong>de</strong>s projets et programmes et peu mesurés, ce qui affecte <strong>la</strong><br />
capacité d’apprécier l’efficacité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. A défaut <strong>de</strong> données fiables et complètes, les observations<br />
re<strong>la</strong>tives aux effets sur les bénéficiaires sont basées sur l’analyse d’un échantillon limité <strong>de</strong> projets. Les<br />
résultats les plus visibles sont d’ordre institutionnel ; les structures <strong>de</strong> gestion permettent un meilleur<br />
dialogue entre gouvernement et DPE et une meilleure capacité d’adaptation aux événements<br />
conjoncturels (sécurité alimentaire). La mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> procédures <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s conflits fonciers est<br />
également un résultat important à mettre à l’actif <strong>de</strong>s DPE. Dans le domaine <strong>de</strong>s infrastructures<br />
(transports, eau et assainissement), les taux <strong>de</strong> réalisation sont élevés, mais l’efficacité est mal connue<br />
car l’utilisation <strong>de</strong> ces infrastructures est peu mesurée. En éducation, <strong>la</strong> pression pour atteindre les<br />
OMD a pesé sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> l’enseignement et sur <strong>la</strong> valorisation <strong>de</strong> l’enseignement secondaire et<br />
supérieur. Dans le domaine <strong>de</strong> l’appui budgétaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s finances publiques, les DPE se<br />
sont montrés ouverts et ont pris certains risques. Le potentiel <strong>de</strong> progrès en matière d’appui<br />
institutionnel reste important.<br />
L’impact global <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong>s DPE – qui pèsent plus <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong> l’APD au Niger sur <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> –<br />
s’avère insuffisant pour inverser les tendances qui entraînent le pays vers l’extrême pauvreté et une<br />
vulnérabilité accrue. Peu <strong>de</strong> résultats ont été enregistrés concernant le développement <strong>de</strong>s secteurs<br />
productifs ; les ren<strong>de</strong>ments agricoles sont en baisse et <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong>s productions ne dépasse pas<br />
celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. L’accès aux services sociaux <strong>de</strong> base s’est amélioré (santé, éducation, accès à<br />
l’eau potable et dans une moindre mesure assainissement). Le développement <strong>de</strong>s capacités humaines<br />
et institutionnelles montre <strong>de</strong>s résultats incontestables, mais ces résultats restent très nettement<br />
inférieurs aux besoins, notamment concernant les structures déconcentrées.<br />
Au Niger, les cinq DPE comme les autres bailleurs ont pratiqué l’ai<strong>de</strong> sans développement et n’en ont<br />
pas tiré toutes les conclusions. Sauf modification fondamentale <strong>de</strong> <strong>la</strong> tendance en termes <strong>de</strong> croissance<br />
économique par habitant, <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s Nigériens – et particulièrement <strong>de</strong>s plus pauvres – va<br />
continuer à se dégra<strong>de</strong>r. La perspective <strong>de</strong> durabilité <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong>s DPE est plus que<br />
lointaine.<br />
L’ai<strong>de</strong> au Niger a connu <strong>de</strong>s évolutions importantes durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> sous revue, tant au niveau <strong>de</strong><br />
l’approche générale <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> (Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Paris, Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> Conduite) qu’au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> structuration<br />
<strong>de</strong>s DPE (réformes institutionnelles internes). Ces réformes étaient notamment <strong>de</strong>stinées à améliorer<br />
l’efficience <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>. Le projet est resté <strong>de</strong> loin le principal instrument utilisé par les DPE au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
pério<strong>de</strong> ; <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>s DPE d’évoluer <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> projet vers <strong>de</strong>s instruments d’ai<strong>de</strong> plus continus a été<br />
indéniable mais <strong>la</strong> tendance à l’augmentation du recours à ces instruments s’est inversée. Les projets<br />
ont généralement produit les réalisations attendues, mais dans <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is souvent plus longs que<br />
prévus. Le recours à l’unité <strong>de</strong> gestion ad hoc est encore très fréquent. Le coût <strong>de</strong> l’AT est critiqué mais<br />
son rôle reste important en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> rareté <strong>de</strong>s ressources humaines.<br />
Conclusions<br />
Au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2000-2008 les Nigériens sont restés extrêmement pauvres. Le revenu par habitant n’a<br />
pratiquement pas évolué et <strong>la</strong> croissance démographique est restée une <strong>de</strong>s plus élevées du mon<strong>de</strong>. Très<br />
dépendants d’une nature extrêmement instable, les nigériens, <strong>de</strong> plus en plus nombreux à tenter <strong>de</strong> survivre<br />
sur un stock <strong>de</strong> ressources naturelles en voie <strong>de</strong> dégradation, ont vu leurs moyens <strong>de</strong> subsistance se réduire<br />
et leur vulnérabilité augmenter.<br />
Conscient <strong>de</strong> cette évolution, et du fait que l’on ne pourrait inverser cette tendance sans une accélération<br />
significative du taux <strong>de</strong> croissance économique par habitant, le Gouvernement a proposé en 2007 une<br />
stratégie ambitieuse basée sur un objectif <strong>de</strong> croissance économique par habitant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3% par an, qui<br />
implique un accroissement considérable <strong>de</strong>s besoins en ai<strong>de</strong> extérieure. Cet objectif est présenté comme <strong>la</strong><br />
seule option réaliste pour pouvoir réduire durablement <strong>la</strong> pauvreté au Niger.<br />
Rapport final 9