Evaluation conjointe de la coopération de la Commission ... - OECD
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ÉVALUATION CONJOINTE DE LA COOPÉRATION<br />
AVEC LE NIGER 2000-2008<br />
La <strong>Commission</strong> Européenne établit sa stratégie en <strong>de</strong>ux temps : elle formule un Country Strategy<br />
Paper (CSP) qui lui est propre. Ce document sert <strong>de</strong> base au Programme Indicatif National (PIN)<br />
qui est signé par les <strong>de</strong>ux parties. La proximité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux documents est toutefois très gran<strong>de</strong> et <strong>la</strong><br />
CE n’est donc pas très explicite sur les « raisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence européenne au Niger ». L’Europe<br />
n’ayant pas <strong>de</strong> politique étrangère commune, on peut toutefois considérer que le programme<br />
pays reflète une fraction importante <strong>de</strong>s priorités effectives <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Commission</strong>.<br />
Le Danemark a produit un document <strong>de</strong> stratégie re<strong>la</strong>tif à sa <strong>coopération</strong> avec le Niger pour <strong>la</strong><br />
pério<strong>de</strong> 2006-2010. Le document insiste sur <strong>la</strong> volonté danoise <strong>de</strong> contribuer à <strong>la</strong> mise en œuvre<br />
efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> SRP à travers <strong>la</strong> SDR. Le document stratégique du Danemark n’est pas contresigné<br />
par le Gouvernement nigérien.<br />
La Belgique et le Luxembourg formulent <strong>de</strong>s programmes indicatifs <strong>de</strong> <strong>coopération</strong> (PIC) signés<br />
par les <strong>de</strong>ux parties et qui tiennent lieu pour ces DPE <strong>de</strong> « stratégie pays ».<br />
Le Gouvernement nigérien <strong>de</strong> son côté, sollicité par les bailleurs, a fait <strong>de</strong> grands progrès en<br />
termes <strong>de</strong> formu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> ses politiques. Celles-ci, assez calquées sur les priorités affichées par les<br />
bailleurs, n’offrent toutefois qu’une vue partielle <strong>de</strong>s priorités réelles <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs nigériens.<br />
Le fait que les objectifs <strong>de</strong>s parties prenantes à <strong>la</strong> <strong>coopération</strong> ne soient que partiellement<br />
i<strong>de</strong>ntifiables à travers le discours stratégique affiché est également vérifiable à l’échelle <strong>de</strong>s<br />
projets.<br />
« On dit que <strong>la</strong> finalité <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> c’est d’améliorer le bien-être. C’est l’alibi qu’on donne mais comme<br />
le disait quelqu’un, dans un projet il y a plusieurs projets. Il y a plusieurs projets qui, à tous les<br />
niveaux, sont là. Certes à travers un joli message on dit que l’ai<strong>de</strong> est pour l’amélioration <strong>de</strong>s<br />
conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s groupes cibles. Mais à travers l’ai<strong>de</strong> le bailleur a son propre projet et le<br />
gouvernement a son propre projet»<br />
LASDEL, A cheval donné…, Rapport final version provisoire, p.20.<br />
D’où l’importance d’une plus gran<strong>de</strong> lucidité <strong>de</strong> chacun par rapport aux objectifs <strong>de</strong> l’autre partie,<br />
voire <strong>de</strong>s autres dans un contexte d’action multi-bailleurs.<br />
2. Compréhension mutuelle<br />
Pour pouvoir négocier sainement un domaine <strong>de</strong> <strong>coopération</strong> (ensemble <strong>de</strong>s objectifs à <strong>la</strong><br />
poursuite <strong>de</strong>squels on va coopérer), il est important que chaque partenaire exprime ce qu’il veut<br />
et comprenne autant que possible les priorités et contraintes <strong>de</strong> son interlocuteur. L’étu<strong>de</strong><br />
LASDEL le dit c<strong>la</strong>irement, et ce<strong>la</strong> est confirmé par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s comparables dans d’autres pays 85 :<br />
les Nigériens ne s’atten<strong>de</strong>nt pas à ce que l’ai<strong>de</strong> soit désintéressée, ils comprennent (et<br />
caricaturent peut-être) les motivations <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, mais restent interrogatifs sur celles <strong>de</strong>s autres<br />
DPE. Les Nigériens font l’hypothèse correcte que toute ai<strong>de</strong> est forcément intéressée, sinon elle<br />
n’est pas justifiable vis-à-vis du contribuable. « L’intérêt » ou motivation <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> pour le bailleur<br />
est toutefois loin d’être strictement financier ou commercial. Il est également<br />
politique (promotion <strong>de</strong> valeurs telles que celles exprimées par les OMD), mais également<br />
géopolitique (sécurité, approvisionnements en uranium et autres minerais, « gestion » <strong>de</strong>s<br />
migrations, soutien à <strong>la</strong> francophonie, positionnement <strong>de</strong> l’Europe en Afrique, lutte contre le<br />
85 Un haut fonctionnaire camerounais exprimait ceci en termes très directs « les Chinois, au moins, on sait ce qu’ils cherchent.<br />
Par contre, on comprend <strong>de</strong> moins en moins les Français et on a l’impression qu’ils risquent <strong>de</strong> nous abandonner ».<br />
Plusieurs Camerounais <strong>de</strong> haut niveau ont fait comprendre que <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong>s intérêts du partenaire est nécessaire<br />
pour inspirer confiance dans <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion. Source : SEE, <strong>Evaluation</strong> <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>coopération</strong> française avec le<br />
Cameroun pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2001-2007, pour <strong>la</strong> Direction Générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coopération Internationale au Développement-<br />
DGCID et l’Agence Française <strong>de</strong> Développement-AFD (Janvier 2009).<br />
Rapport final 67