Full Text - Analele Universitatii din Craiova. Istorie

Analele Universităţii din Craiova, Seria Istorie, Anul XV, Nr. 2(18)/2010
rien lui offrir. Le fait qu’il inclut Alexandru Beldiman parmi les chroniqueurs
montre que l’érudit moldave était un adepte de la continuation de l’esprit des
vieilles chroniques après l’année 1821, moment où, conformément à Vasile
Cristian, l’historiographie avait remodelé son discours. Faute de livres de
spécialité, nous ne voyons pas comme aurait-il été possible d’arriver à une
réinterprétation épistémologique et à la coagulation d’une nouvelle conscience
historique. En même temps, la théorie de la diffusion de la culture à travers
l’exercice de l’oralité 1 nous semble une hypothèse de travail basée sur une trop
grande naïveté. La tribune publique et l’art du discours n’étaient pas encore
devenus, à l’époque, des aspects naturels du quotidien.
De plus, si on prend en considération le temps nécessaire pendant cette
période pour que les imprimeries des Principautés Roumaines mènent à bonne
fin les projets assumés, on observera un autre détail favorable à notre
argumentation. L’agitation des révolutions et les brusques transformations qui
bouleversaient le rythme d’une communauté n’encourageaient pas du tout
l’écrivain à s’asseoir à la table du travail. Il fallait que le temps passe jusqu’à ce
que les choses reviennent au normal. C’était, par exemple, le souci de Ion
Heliade Rădulescu, déçu que les intellectuels réunis dans la Société littéraire
roumaine avaient interrompu la série des séances qui avaient lieu dans la
maison du grand chancelier Constantin Golescu „à cause de ces temps pleins
d’agitation” 2 . A cause de cela, ses amis n’avaient plus le répit de s’impliquer
dans des projets culturels de grande importance. Ce n’est qu’en 1828 que
Heliade Rădulescu réussissait à peine à publier La grammaire roumaine et
craignait encore qu’il n’eût pas réalisé quelque chose de vraiment important.
Comment aurait-il pu éviter les doutes quand il savait que du vocabulaire de la
langue roumaine manquaient encore „un tas de mots” 3 , ce qui rendait plus
difficile la mission des enseignants. Au fond, Ion Heliade Rădulescu luttait
contre une autre forme de pauvreté, la pauvreté culturelle, et annonçait déjà le
danger qui planait sur la littérature nationale dans un avenir très proche. En
plaidant pour le profil d’une civilisation qui ne pouvait pas se développer faute
de lettres, il appuyait ses affirmations sur des exemples tirés de l’histoire des
Grecs, des Latins et des autres peuples „sages et pensants” 4 . Ceux-ci restaient
de vrais modèles, non seulement grâce au culte de l’héroïsme, mais surtout aux
chefs-d’œuvre créés. Ion Heliade Rădulescu insistait de manière obsessive sur
1 Ştefan Lemny, Originea şi cristalizarea ideii de patrie în cultura română (L’origine et la
cristallisation de l’idée de patrie dans la culture roumaine), Bucarest, Editura Minerva, 1986,
p. 117.
2 Gramatică românească, de domnul Eliad (La grammaire roumaine, par Mr. Eliade), 1828,
p. III.
3 Ibidem, p. VI.
4 Ibidem, p. IX.
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