WALSERSPRACHE - The four main objectives of the Alpine Space ...

Sergio Maria Gilardino
écrite, ou ce n’est pas de la poésie et, dans ce dernier cas, on n’y gaspille
plus une seconde de temps, même si elle était écrite dans la plus prestigieuse
des langues classiques.
Une remarque s’impose: si de la grande poésie a été écrite en une langue
très peu connue, le problème de la compréhension ne revient pas au
poète (qui a déjà fait son devoir en créant de la poésie), mais au critique
(qui doit la comprendre). Autrement dit, arrêtons de traiter les dialectes
comme si c’étaient des mauvaises copies d’une langue nationale et étudionsles
aussi sérieusement qu’il le faut pour bien comprendre la poésie, s’ils sont
porteurs de poésie. Ou de civilisation, s’ils sont porteurs de culture.
Or, si cela est vrai pour les poètes, il l’est encore davantage pour les
peuples.
dialecte. La tâche n’est pas de changer le status d’une langue, mais de la documenter. Pour ce faire
on se doit de la connaître et de l’illustrer au même niveau et avec le même sérieux qu’une langue
nationale, peut importe de quel rang social elle nous vienne.
15 Franco Brevini, en ses deux oeuvres Poeti dialettali del Novecento, Einaudi, Torino 1987 et
La poesia in dialetto. Storia e testi dalle origini al Novecento, Mondadori, 3 voll., Milano 1999, ne
semble pas avoir saisi ce point et chancèle vertigineusement entre, d’un côté, des tentatives farfelues
de sauvegarder la réputation et l’aptitude littéraire des dialectes et, de l’autre, de plaindre la
fatale fragilité du message littéraire en dialecte. Bien mieux Giovanni Tesio dans son essai Il
Piemonte: le lingue storiche e i dialetti regionali. Grammatica letteratura questioni, en “Studi
Piemontesi” 29, pp. 310-312 (2000). Nous sommes encore bien loin d’un essai ou d’un traité qui
établisse avec fermeté et clarté les tâches du critique littéraire face à la poésie en langue ancestrale,
minoritaire ou dialectale (ou les trois à la fois).
16 La langue celtique est la seule langue nationale de la République Irlandaise, reconnue
comme telle par la Constitution de ce pays. Hélas, il y a très peu de gens en Irlande, hors mis les
habitants de quelques comtés du nord-ouest, qui parlent cette langue. Les ouvertures officielles
du Parlement ce font en celtique, une langue que la majorité des parlementaires ne peut ni parler,
ni comprendre. La langue juive moderne devint la langue des colons israéliens avant la création
de cet état (il fut créé par une délibération des Nations Unies le 14 mai 1948) et avant encore
qu’un comité de savants la “crée” des cendres de l’ancienne langue juive. Ainsi, on peut choisir
de parler une langue même encore avant d’avoir un territoire, un état et … une langue. Est-ce un
exemple unique? Pas du tout au monde. Les amérindiens au Canada on décidé de reprendre à
parler leurs langues ancestrales sans avoir un territoire ancestral, sans avoir un état et même avant
qu’on récupère ces langues qui étaient quasi complètement éteintes.
17 Dans cinq états des Etats-Unis d’Amérique (la Californie, le Nouveau Mexique, l’Arizona,
le Nevada et la Floride) les législatures étatiques ont promulgué des lois interdisant l’espagnol
dans les cérémonies publiques, dans les écoles, au travail, etc. On a même fait recours aux services
de célébrités, telles que l’acteur cinématographique holliwoodien Kirk Douglas, pour inculquer
la notion qu’il faut parler l’anglais et seul l’anglais. Or, non seulement ces lois et ces initiatives
n’ont récolté aucun succès, mais ce qui c’est soldé comme une mauvaise plaisanterie du
sort, c’est que l’hymne national des États-Unis, dans sa version espagnole, est devenu un succès
musical retentissant, qui plaît même à ceux qui ne comprennent pas un mot d’espagnol. Il est
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