WALSERSPRACHE - The four main objectives of the Alpine Space ...

Sergio Maria Gilardino
collective, est fort borné et il se peut très bien que dans l’élan du moment,
en séance collective, il ou elle reconnaissent un mot et l’accueillent dans
l’éventail des mots employés par eux en tout temps, et qui par la suite, au
débotté, nie l’avoir jamais entendu. Cela vient du fait que la mémoire individuelle
présente des échelles de reconnaissance qui s’étalonnent du point
A (des mots qu’on reconnaît d’emblée et dont on se sert en tout temps) au
point D (des mots qu’on reconnaît avec beaucoup d’effort et seulement
dans un contexte auto-explicatif ou à l’aide d’autres interlocuteurs) avec
toute une gamme intermédiaire d’évocations et de réactions sémantiques.
Du point de vue diachronique, ce champ de reconnaissance bute, d’un
côté, aux mots ancestraux qui commencent à s’estomper dans les brouillards
d’antan, de l’autre aux néologismes, soit ceux qui sont formés à partir
de racines Titzschu, soit ceux qui ne sont que des emprunts brutalement
transférés d’une langue forte. Du point de vue sémantique le même champ
s’étendant jusqu’à la lisière des connaissances personnelles pour ce qui en
est des spécialisations du travail, les femmes étant compétentes dans des
domaines qui ne regardent pas les hommes, et vice versa.
L’erreur la plus fréquente par les chercheurs c’est de partir du présupposé
qu’un dialecte ne peut pas accueillir certains mots et que, donc, il
est tout à fait inutile de les chercher. L’échelle de recherche au contraire
doit toujours être plus grande que les résultats finaux, puisque c’est seulement
par des tentatives réitérées qu’on parviendra vraiment à établir
quelle est l’étendue lexicale effective, bien au-delà de nos préjugés ou de
nos attentes a priori. Cette phase épuisée, il reste toujours à combler la
tache d’inclure les mots fournis par les manuscrits, quitte à revenir aux
informateurs pour s’assurer que les mots qu’ils n’avaient pas mentionnés,
mais qui se retrouvent dans les sources écrites, sont ou ne sont plus
reconnus par eux. Il arrive fort souvent que des mots apparemment
éteints depuis très longtemps génèrent encore des retentissements auprès
des informateurs, dont on pourra vérifier la consistance en posant des
questions de contextualité. S’ils s’en tirent bien, c’est que ces mots leur
en disent encore beaucoup, sinon ils sont vraiment et pour de bon
défunts et ils seront admis au sein du dictionnaire comme acceptions sur-
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