WALSERSPRACHE - The four main objectives of the Alpine Space ...

VERS UNE “LANGUE” DES WALSERS: LA PERSPECTIVE DIACHRONIQUE ET COMPARATIVE
Une langue n’est pas telle parce qu’une constitution la consacre
comme nationale et officielle, ou parce que des lois lui refusent explicitement
un tel rang, mais parce qu’un peuple l’adopte comme la sienne 16 .
Cette langue, même en présence d’une langue forte et étatique, demeure
la langue de ce peuple 17 . Le peuple s’en sert parce qu’elle est le meilleur
véhicule possible pour exprimer sa façon de vivre. Les autres langues,
même des langues très prestigieuses au niveau international, ne sont que
secondaires et périphrastiques par rapport à elle dans ce contexte 18 .
Lorsque dans cet article on parle de la “langue” des Walsers, on ne parle
évidemment pas d’une langue étatique, mais quand même d’une langue que
les Walsers reconnaissent comme capable d’exprimer leur civilisation et leur
ancestralité à leur meilleur. Il arrive que cette langue est en danger: pour la
sauver et la revitaliser il faut absolument aller au-delà de l’oralité. Cela
revient à aller au-delà du temps présent pour expliquer et codifier de façon
diachronique et historique l’objet de notre étude. On peut le faire parce qu’il
existe une tradition écrite et temps est-il de la mettre en cause.
LA TRADITION ÉCRITE À ALAGNA VALSESIA
À Alagna Valsesia il existe une tradition écrite fort remarquable 19 . Elle
nous parvient sous forme de nombreux manuscrits et de documents
imprimés, retrouvés un peu partout, mais surtout dans la maison du théologien
Giuseppe Farinetti, une spacieuse résidence tout récemment
évident qu’aucune loi ne pourra jamais contrer la volonté du peuple, bien que les lois peuvent
changer l’identité des peuples au fil des ans. Et un peuple sans une langue n’est plus un peuple
ou, du moins, n’est plus un peuple avec une identité.
18 Au Québec le français et l’anglais sont les langues parlées par la majorité des gens (bien
que l’anglais ne soit pas recconnu comme langue officielle), mais dans le Grand Nord les inouits
auraient de sérieux problèmes à décrire l’état de la neige ou les dangers de la chasse par un certain
temps atmosphérique s’ils devaient se servir de l’une ou de l’autre de ces deux langues, même
si elles comptent parmi les plus prestigieuses au niveau international. Dans le Grand Nord la langue
est l’inuktitut, le français et l’anglais ne sont que des parlers fort approximatifs qui parviennent
fort mal à exprimer les dangers et les problèmes de survivance auxquels s’exposent ceux qui
vivent dans ces climats extrêmes. Même l’italien, langue officielle de la République italienne, n’est
qu’on dialecte sur la bouche de millions d’italien à l’étranger, partout au monde. Il arrive donc
qu’une langue cesse de l’être selon sa localisation dans l’espace et un dialecte puisse devenir la
seule langue possibile de communication en certains endroits et en certaines circonstances.
19 Nous sommes parfaitement conscients d’une abondante production littéraire auprès des
autres communautés Walser et nous attirons à ce sujet l’attention sur le précieux article de Enrico
Rizzi dans ce même volume. Il reste toutefois à distinguer entre une production littéraire qui ne
se proposait pas de changer de fond en comble la nature orale du Titsch, en se bornant à des
genres respectueux de cette nature, et une école comme celle d’Alagna qui, en traduisant Dante,
se proposait exactement le but contraire: transformer le dialect en une langue littéraire.
20 Le «Centro Studi Zeisciu» a déjà à son actif de nombreux volumes sur la culture et la civi-
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