Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

DECHAMPS DE DECKER
l'histoire de Napoléon et de son temps».
D'autre part, Chateaubriand, Lamartine, Hugo,
Vigny et surtout Stendhal furent pour cet
historien de permanents sujets d'étude. Dans
Chateaubriand en Angleterre (Paris, 1934,
207 p.), ce n'est pas l'auteur de René qui est
concerné, mais l'homme politique. On y trouve
en effet l'analyse des jugements particulièrement
négatifs portés par les Anglais sur l'action
diplomatique de Chateaubriand dans les années
de la Restauration. Pour écrire cet ouvrage, Jules
Dechamps a notamment exploité les rapports de
Thomas Darby, agent secret de l'ambassadeur
d'Angleterre à Paris, conservés au Record
Office de Londres.
Vivant et enseignant dans la capitale anglaise,
ce chercheur s'intéressa de plus en plus aux
réactions de la Grande-Bretagne face aux événements
de l'histoire de France. «Dechamps
developed a profound affection for English
traditions and institutions». Son quatrième
ouvrage, fondé sur des enquêtes longues et
minutieuses, s'intitule : Entre la guerre et la
paix. Les Iles Britanniques et la Révolution
française (1789-1803) (Bruxelles, 1949, 246 p.).
C'est à Stendhal que Jules Dechamps
consacra son dernier ouvrage : Amitiés stendhaliennes
en Belgique (Bruxelles, 1963, 131 p.,
Collection La Lettre et l'Esprit). On y trouve
recueillies non seulement différentes études
publiées déjà sur les Belges avec lesquels l'écrivain
fut en relation (le colonel M.J.G. de Collart,
Alexandre Micheroux, Jules Van Praet, Louis
De Potter et Alfred Michiels), mais également
une synthèse inédite, qui ouvre le volume :
Place de la Belgique dans la vie et l'œuvre de
Stendhal (p. 9-57).
Parmi les ouvrages préfacés par Jules
Dechamps, signalons Les meilleurs pages de
l'écrivain belge Hubert Krains (1862-1934)
(Bruxelles, 1959, XXXIV et 137 p., Collection
anthologique des prosateurs belges).
On doit d'autre part à ce grand travailleur une
collaboration assidue à différentes revues d'érudition
: la Revue des Etudes Napoléoniennes, la
Revue de Littérature Comparée, la Revue
d'Histoire Littéraire de la France, le Stendhal-
Club et, dès sa fondation, en 1947, les French
Studies (dont il fut membre de l'Editorial Board,
puis, à partir de 1966, de l'Advisory Board).
Jules Dechamps a été élu membre associé de
l'Académie royale de Belgique (Section
d'Histoire et des Lettres), le 3 mai 1948. Il était
titulaire de plusieurs distinctions honorifiques
belges et étrangères.
Ceux qui l'ont fréquenté n'ont pas manqué de
souligner ses qualités : « As a man he was punctilious,
warmly affectionate and keenly
sensitive», qualités de cœur autant que d'esprit :
«Modest and cautious by nature he could
recognize fallacy, shoddiness, and bluff unerringly.
But his reviews, many of which appeared
in French Studies, were never uncharitable».
Jules Dechamps avait épousé, en 1917, Veerle
Van den Weghe, Ostendaise, dont il eut deux
fils : Pierre et Albert. Sa sépulture se trouve au
cimetière d'Ampsin.
O. Jodogne, Hommage à Jules Dechamps, dans
Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 5 e série, t.
54, 1968, p. 374-377. — J.P.C, [seules initiales], Jules
Dechamps, 1888-1968, dans French Studies, t. 23,
1969, p. 105-106. — O. Jodogne, Notice sur Jules
Dechamps, dans Annuaire de l'Académie royale de
Belgique, vol. 146, Bruxelles, 1980, p. 127-147,
portrait photographique et bibliographie.
Pierre Jodogne
DE DECKER, Pierre, Jacques, François,
homme politique catholique et administrateur de
sociétés, né à Zele (Flandre orientale) le 25
janvier 1812, décédé à Schaerbeek (Bruxelles)
le 4 janvier 1891.
Fils d'Englebert De Decker, commerçant aisé
dévoué à l'Eglise, et de Marie-Françoise de
Belie, mère de onze enfants, il fréquente l'école
primaire de son village natal. Il mène ses études
secondaires dans différents établissements de
Belgique, de France et de Suisse, avant de suivre
le cours de philosophie au Petit Séminaire
Sainte-Barbe de Gand. Gagné aux idées menaisiennes,
il embrasse la cause de la révolution de
1830. Candidat en philosophie et lettres en
1832, puis en droit l'année suivante, il décroche
brillamment un doctorat en droit à l'Université
de Gand, le 8 janvier 1834. Il persévère dans
cette discipline durant quelques mois, à la
Faculté de Paris. Inscrit au barreau de Gand, il
s'intéresse davantage à la littérature et à l'actualité
politique.
Il collabore au Journal des Flandres de 1834
à 1840, à la Revue belge et au Messager des
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