Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

BASTENIE BASTENIE
sable complément de la clinique médicale dont
les moyens d'investigations restent encore très
limités, et Paul Bastenie joue un rôle clé dans
ces confrontations anatomo-cliniques qu'il
développe à Bruxelles et auxquelles il restera
très attaché jusqu'à la fin de sa carrière.
En 1937, il défend sa thèse d'agrégation
intitulée Inflammation chronique et sclérose du
corps thyroïde et la même année, part aux Etats-
Unis où il séjourne à la Thyroid Clinic du
professeur Means à Boston et au département de
biochimie du professeur Long à New-Haven.
Rentré à Bruxelles nanti de cette solide
formation, il devient médecin-adjoint à la
clinique médicale du professeur Paul Govaerts à
l'Hôpital Saint-Pierre, poste qu'il occupa
jusqu'après la fin de la guerre.
L'Hôpital Brugmann, occupé par l'armée
allemande, est rendu à la Commission
d'Assistance publique et à l'ULB en 1946, mais
doit être complètement réorganisé. Paul
Bastenie, qui vient d'avoir quarante ans, est
alors nommé chef du service de médecine de cet
hôpital universitaire et titulaire de la clinique
médicale qui y est attachée, avec le titre de
chargé de cours, puis de professeur ordinaire. Il
se révèle rapidement un patron extrêmement
dynamique, volontaire, énergique, exprimant
parfois son autorité par de brèves colères restées
célèbres... Il s'entoure d'un staff de jeunes collaborateurs
très motivés (où l'on trouve
notamment les docteurs Conard, Desneux,
Enderlé, Ermans, Franken, Frankson, Pirart,
auxquels se joindront ensuite les docteurs
Cleempoel, De Meutter, Christophe, Cauchie,
Bellens, Demanet) et crée un laboratoire de
recherches cliniques dans les locaux de la
Fondation Boël où ses assistants, sous son
impulsion, développent des travaux relatifs aux
Stéroides surrénaliens, au diabète, à l'exploration
de la thyroïde par l'iode radioactif
récemment disponible, travaux qui seront la
base des thèses d'agrégation de plusieurs d'entre
eux (Victor Conard, Marcel Frankson, André
Ermans).
En moins de dix ans, Paul Bastenie a fait la
preuve de son excellence comme chef de service
et son équipe constitue déjà une école d'endocrinologie
clinique de grande réputation. A la
retraite de Paul Govaerts en 1955, la Faculté de
Médecine de l'ULB lui accorde son transfert à
Saint-Pierre, considéré à l'époque, tout à coté
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des bâtiments facultaires du boulevard de
Waterloo, comme le premier hôpital de
l'Université.
Pendant dix-sept ans, de 1955 à 1972, année
de sa retraite, le professeur Bastenie dirigera le
service de médecine de l'Hôpital Saint-Pierre et
le laboratoire de médecine expérimentale de la
Faculté. Titulaire de la clinique médicale du 4 e
doctorat, mais aussi de l'enseignement de la
propédeutique au 1 er doctorat, il consacre
beaucoup de temps à préparer ses cours qu'il
veille à garder très proches de l'actualité
médicale. L'activité clinique du service évolue
considérablement. Bastenie favorise le développement
des secteurs spécialisés de cardiologie
(professeurs Jean Lequime et Henri Denolin), de
gastro-entérologie (docteurs Raymond Le
Cluyse et Edouard Jacobs) de neurologie
(professeur Lucien Franken) et d'endocrinologie
(docteurs René Tagnon et Georges Copinschi),
ce qui permet l'introduction de nouvelles techniques
d'investigation diagnostique; il crée de
nouveaux secteurs d'hospitalisation, comme
l'unité de soins intensifs, une des premières du
pays, confiée au professeur Antoine Cornil, et
l'unité métabolique, mais veillera toujours à
conserver aux internistes généraux la
surveillance de tous les patients hospitalisés en
médecine. La généralisation du travail clinique à
plein-temps au début des années soixante accentuera
encore cette expansion du service qui,
d'une trentaine de médecins mi-temps pour la
plupart en 1955, voit son effectif passer à plus de
soixante médecins en majorité plein-temps en
1972.
Le laboratoire de médecine expérimentale
facultaire héberge pour leurs recherches des
cliniciens du service. Il en sortira de
nombreuses thèses d'agrégation, dont celles de
Jean Christophe, Roger Bellens, Jean-Claude
Demanet, Jacques Dumont, Henri Ooms,
Edmond Baiasse, Georges Copinschi, Willy
Malaisse, Luc Vanhaelst, Marc Bonnyns,
Etienne Couturier. Le «patron», lui-même, y
passe plusieurs après-midi par semaine, à
orienter les travaux, discuter des résultats,
écrire ou relire les nombreuses publications. Il
est cependant attentif à ce que la recherche plus
directement liée à l'activité clinique du service
ne soit pas négligée et la qualité des observations
médicales permet aussi un grand nombre
de publications.