Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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LEPLAE LEPLAE<br />
parcouru. Là, en effet, se montrent une vigueur<br />
et un sens du décor qui n'auraient pu se manifester<br />
en 1934.<br />
Bien avant d'avoir entrepris Le fronton, le<br />
sculpteur s'était intéressé à la médaille, déjà, en<br />
1937, il avait commémoré <strong>de</strong> cette façon le père<br />
Damien et mo<strong>de</strong>lé <strong>de</strong>ux médailles <strong>de</strong> pèlerinage,<br />
mais en 1938, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s anciens <strong>de</strong><br />
l'Ecole <strong>de</strong> Brasserie <strong>de</strong> Louvain, il exécute une<br />
médaille <strong>de</strong> septante et un millimètres <strong>de</strong><br />
diamètre à l'effigie <strong>de</strong> Léon Verhelst. Il la<br />
mo<strong>de</strong>la en cire à la gran<strong>de</strong>ur définitive pour la<br />
faire exécuter à la cire perdue. Le mo<strong>de</strong>lé<br />
souple, la beauté <strong>de</strong> l'inscription, tout inscrit<br />
déjà cette œuvre parmi les meilleures, mais<br />
l'originalité tient aussi à l'exécution directe à<br />
dimension, alors que la plupart <strong>de</strong> ses contemporains<br />
travaillaient à partir <strong>de</strong> médaillons,<br />
réduits ensuite mécaniquement. Ce travail méticuleux<br />
le passionne si bien qu'après avoir utilisé<br />
encore cette technique à plusieurs reprises<br />
jusqu'en 1952, il va se déci<strong>de</strong>r à graver directement<br />
l'acier <strong>de</strong> la matrice pour faire ensuite<br />
frapper ses pièces par la Monnaie <strong>royale</strong>. Il crée<br />
ainsi en 1955 une médaille pour le ministère <strong>de</strong><br />
l'Instruction publique, avec au revers les<br />
armoiries <strong>de</strong> la <strong>Belgique</strong> entre <strong>de</strong>ux lions et au<br />
droit une jeune fille assise, un livre à la main, le<br />
tout d'un tracé remarquablement nerveux. Il<br />
utilisait une loupe d'horloger pour venir à bout<br />
<strong>de</strong> sa tâche. Rien ne l'arrête, alors qu'il est <strong>de</strong><br />
tradition <strong>de</strong> se limiter à un texte pour le revers, il<br />
se plaît à le décorer <strong>de</strong> figures. Dans <strong>de</strong>ux cas,<br />
pour André Gilson en 1957 et pour L'Exposition<br />
Universelle <strong>de</strong> Bruxelles en 1958, il représente<br />
au revers <strong>de</strong>s jardins enchantés peuplés <strong>de</strong><br />
plantes et d'animaux minuscules parmi lesquels<br />
s'insèrent harmonieusement les lettres <strong>de</strong>s<br />
textes. Il s'efforce toujours <strong>de</strong> donner un<br />
équilibre parfait à toutes les données <strong>de</strong> ses<br />
œuvres, signes, symboles, figures inscrits dans<br />
une harmonie nécessaire sur les <strong>de</strong>ux faces. A ce<br />
titre on trouve là <strong>de</strong> véritables chefs-d'œuvre<br />
comme L'anémone et l'ancolie <strong>de</strong> 1958, remarquable<br />
par la beauté du nu féminin assis vu <strong>de</strong><br />
dos sur une face, sur l'autre le même personnage<br />
est <strong>de</strong> face entouré <strong>de</strong> plantes fleuries.<br />
Charles Leplae a toujours cherché les expériences<br />
nouvelles, c'est ainsi que lors d'un<br />
séjour en France, à Saint-Peyré, il découvrit <strong>de</strong><br />
nouveaux modèles, <strong>de</strong>s insectes aux pattes<br />
démesurées. Il en fit diverses esquisses qui<br />
aboutirent à L'empuse, une sculpture <strong>de</strong> plâtre<br />
d'un mètre cinquante qu'il exposa à Anvers au<br />
Mid<strong>de</strong>lheim en 1957, coulé en bronze l'insecte<br />
géant est aujourd'hui au Musée <strong>de</strong> l'Afrique<br />
centrale à Tervueren. L'œuvre ne provoque pas<br />
l'épouvante comme la Mante religieuse <strong>de</strong><br />
Germaine Richier mais elle met en présence<br />
d'un être étrange qui fascine. Le sculpteur en fit<br />
aussi le sujet d'une médaille.<br />
Viennent <strong>de</strong>s comman<strong>de</strong>s importantes. En<br />
1950 la Banque <strong>Nationale</strong> souhaite placer <strong>de</strong>ux<br />
statues en faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> son bâtiment <strong>de</strong> Bruxelles.<br />
L'une est commandée à George Grard, l'autre à<br />
Charles Leplae qui fit poser sa fille pour La<br />
jeune fille agenouillée dont une version,<br />
gran<strong>de</strong>ur nature, sera achevée et coulée en 1951.<br />
L'œuvre définitive fut mise en place et<br />
inaugurée en 1953 au boulevard <strong>de</strong> Berlaimont.<br />
Il s'agit d'un nu <strong>de</strong> trois mètres <strong>de</strong> haut, à la fois<br />
robuste et élégant qui, placé sur un socle élevé,<br />
domine le boulevard.<br />
Par la suite la Banque Belgo-Congolaise lui<br />
comman<strong>de</strong> une sculpture, un Africain assis, et<br />
l'invite à décorer le hall d'entrée <strong>de</strong> son siège<br />
bruxellois. Il compose alors <strong>de</strong>ux frises en faible<br />
relief en carreaux <strong>de</strong> céramique, elles représentent<br />
chacune une procession <strong>de</strong> porteuses<br />
d'offran<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s femmes africaines avec leurs<br />
enfants, précédées par un guerrier. Les personnages<br />
sont gran<strong>de</strong>ur nature dans un émail raffiné<br />
<strong>de</strong> tons dégradés du blanc au roux. Agnès<br />
Leplae, <strong>de</strong>venue céramiste, a mis au point<br />
l'émail et a procédé à la cuisson <strong>de</strong>s carreaux.<br />
Il lui est aussi <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> sculpter l'effigie <strong>de</strong><br />
Monseigneur Heylen, évêque <strong>de</strong> Namur pour<br />
son monument funéraire construit en pierre<br />
bleue à la cathédrale Saint-Aubain. Le sculpteur<br />
crée une figure ample et massive, en bronze,<br />
représentant Γ évêque tête nue, agenouillé, les<br />
mains jointes. La vaste chape dont est enveloppé<br />
le personnage donne au volume simplicité et<br />
puissance. On retrouve ici les décors <strong>de</strong> surface :<br />
spirales en bordure du vêtement sacerdotal,<br />
détail du surplis, croix en pen<strong>de</strong>ntif sans que<br />
pour autant la gran<strong>de</strong>ur du monument, mis en<br />
place en 1956, en soit altérée.<br />
C'est à cette époque que se construisait à<br />
Bruxelles le Palais <strong>de</strong>s Congrès à la Montagne<br />
<strong>de</strong> la Cour. Charles Leplae est sollicité pour la<br />
sculpture d'un relief sur la faça<strong>de</strong> est. Ce sera Le<br />
nouveau né. Le sujet lui a été inspiré par la<br />
naissance <strong>de</strong> sa petite fille Isabelle. Il représente<br />
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