Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

VAN TIGGELEN VAN TIGGELEN
l'Académie royale de Belgique; 1951, Prix de
l'Académie pour un mémoire.
De 1956 jusqu'à sa mort prématurée, Adolphe
Van Tiggelen bénéficie pour les recherches de
son laboratoire, d'un soutien financier très
important de l'European Office of Aerospace
Research de l'United State Air Force. A partir de
1958, il est conseiller scientifique de la division
Applications de l'Institut français du Pétrole. En
1961, le Prix Francqui lui est attribué, la Société
chimique de France lui remet la médaille
Lavoisier et il est élu membre correspondant de
l'Académie royale de Belgique. En 1963, il est
désigné comme membre de la cinquième
commission du Fonds national de la Recherche
scientifique. Adolphe Van Tiggelen meurt le 2
novembre 1969.
Nombre de ses élèves ont occupé ou occupent
des fonctions importantes, soit dans des universités
(Belgique, Etats-Unis et Canada), soit dans
des grands organismes comme le National
Bureau of Standards et l'Institut français du
Pétrole.
Dès le départ de ses travaux scientifiques, Van
Tiggelen est marqué par son maître Walter
Mund, par le très grand chimiste qu'était
Polanyi, par le bouillonnement des idées des
physico-chimistes de Louvain, par le contact
avec Sir Hugh S. Taylor (titulaire de la Chaire
Francqui, 1936-1937). Ses premières publications
avec Walter Mund datent de 1937.
Il a un acquis considérable pour aborder son
activité à l'Institut national des Mines et un
objectif précis : comprendre les mécanismes de
combustion du grisou (méthane) pour prévenir
les catastrophes minières. Il dégage, plus clairement
qu'avant lui, les trois types de
combustion : la combustion des mélanges
détonants où la flamme se déplace de façon
synchrone avec une onde de choc dont la vitesse
de propagation est réglée par les équations de la
mécanique des fluides (vitesses très élevées);
les flammes rapides dont la vitesse dépend principalement
des propriétés physiques du mélange
où les réactions sont à chaînes thermiques ; les
flammes plus lentes dont la vitesse dépend
surtout de la réaction chimique de combustion
(déflagration).
L'objectif de Van Tiggelen est d'analyser tous
les aspects physico-chimiques de la déflagration.
Il met en évidence le phénomène de
chimi-ionisation, c'est-à-dire l'ionisation des
molécules ou fragments moléculaires par
l'énergie de la réaction. Cela le conduit à
prévoir les structures moléculaires des chimiions
et ainsi à expliquer les caractéristiques des
divers combustibles. Ces travaux mènent au
développement extraordinaire des recherches
théoriques et expérimentales d'Adolphe Van
Tiggelen : utilisation de méthodes spectographiques
pour identifier et doser les
intermédiaires chimiques dans la flamme;
étude des conditions d'amorçage de la flamme;
étude de son extension.
Les retombées pratiques sont importantes,
tant dans le domaine des propergols pour
moteurs fusées (vingt-huit rapports pour l'US
Air Force, de 1956 à 1959), que pour l'optimisation
de la combustion dans les moteurs à
combustion interne (collaboration avec l'IFP -
Institut français du Pétrole). Notons le rôle que
Van Tiggelen donne très tôt à l'informatique
dans ses recherches, notamment en réalisant une
fusée analogique qui simulait la fusée réelle.
L'œuvre scientifique et technique de Van
Tiggelen est rassemblée dans un ouvrage
magistral de plus de mille pages Oxydations et
combustions qu'il a rédigé avec une dizaine de
ses collaborateurs, ouvrage paru en 1968.
Alphonse Van Tiggelen faisait partie de ces
professeurs bilingues, profondément attachés à
l'Université catholique de Louvain unitaire; il
fut profondément affecté par les événements qui
agitèrent l'Université dans la seconde moitié de
la décennie 1960-1970. La rupture entre les
deux sections linguistiques le touche douloureusement.
Malgré certaines pressions, il opta pour
l'Université francophone. Il ne fit pas le transfert
de son laboratoire, car il tomba foudroyé au pied
de son escalier la nuit de la Toussaint de 1969.
Il aimait faire sentir aux jeunes la joie de la
découverte. Il leur montrait avec enthousiasme
la beauté d'une expérience. Il attirait l'attention
sur le côté artisanal du travail de laboratoire. Il
fécondait l'esprit à partir de la besogne matérielle
bien exécutée. Il savait faire goûter la joie
de la découverte. Il était gai, aimable, boute-entrain
dans ses moments de détente, mais il savait
se concentrer, se laisser habiter par son sujet aux
jours de travail qu'il prolongeait souvent dans la
nuit. Il était un homme de devoir intransigeant
sur les principes; il était exigeant vis-à-vis de
lui-même, mais aussi à l'égard de ceux qu'il
aimait et de tous ceux qui l'approchaient. C'était
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