Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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BORREMAN BORREMAN<br />
qu'un document <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s Comptes<br />
qualifie «<strong>de</strong> beste meester beeldsnij<strong>de</strong>re».<br />
Membre <strong>de</strong> la corporation <strong>de</strong>s tailleurs <strong>de</strong> pierre,<br />
<strong>de</strong>s maçons, <strong>de</strong>s sculpteurs et <strong>de</strong>s ardoisiers <strong>de</strong><br />
la ville <strong>de</strong> Bruxelles, où il fût inscrit en 1479<br />
avec la mention «es poirtere», laquelle indique<br />
qu'il avait acquis la bourgeoisie par mariage et<br />
n'était donc pas originaire <strong>de</strong> Bruxelles.<br />
En début <strong>de</strong> carrière, il exécuta, en collaboration<br />
avec Peter <strong>de</strong> Vogel, plusieurs statues <strong>de</strong><br />
pierre <strong>de</strong>stinées à l'autel du chapitre <strong>de</strong> la cathédrale<br />
Notre-Dame d'Anvers (1483-1486). En<br />
1491, il collabora, dans l'église Saint-Jacques <strong>de</strong><br />
Louvain, à la restauration <strong>de</strong> l'autel du Saint-<br />
Sacrement pour lequel il réalisa une statue <strong>de</strong><br />
saint Jean-1'Evangéliste et répara un saint Jean-<br />
Baptiste. Entre 1492 et 1493, il travailla à<br />
l'exécution d'une croix triomphale, installée<br />
l'année suivante dans le chœur <strong>de</strong> Saint-Sulpice<br />
<strong>de</strong> Diest.<br />
En 1493, il signa le superbe retable <strong>de</strong> saint<br />
Georges, commandé par le Grand Serment <strong>de</strong>s<br />
arbalétriers <strong>de</strong> Louvain pour la chapelle Notre-<br />
Dame-du-Dehors <strong>de</strong> cette ville. Aujourd'hui<br />
exposé aux Musées royaux d'Art et d'Histoire,<br />
ce triptyque <strong>de</strong> chêne, signé Jan et daté<br />
MCCCCXCIII, apparaît dépourvu <strong>de</strong> sa polychromie<br />
originale, d'une secon<strong>de</strong> paire <strong>de</strong> volets<br />
et <strong>de</strong> son couronnement gothique. Mais en dépit<br />
<strong>de</strong> ces altérations, les panneaux sculptés du<br />
martyr <strong>de</strong> saint Georges, dont l'état <strong>de</strong> conservation<br />
est remarquable, donnent la mesure du<br />
talent <strong>de</strong> ce sculpteur, nerveux, vigoureux et<br />
gracieux, qui réussit à donner une nouvelle<br />
cohérence à la formule déjà ancienne du «relief<br />
en chapelle» (Kappellenschrein) en établissant<br />
un rapport spatial inédit entre les scènes<br />
sculptées et le décor <strong>de</strong> la huche.<br />
Les archives conservent en outre les contrats,<br />
extrêmement détaillés, auxquels Jan II souscrivit<br />
pour l'exécution <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux autres retables, aujourd'hui<br />
perdus. Le premier, conçu par Mathieu<br />
Kel<strong>de</strong>rmans, évoquait, dans une menuiserie<br />
réalisée par Jan Petercels, la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint<br />
Arnould ainsi que certains épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s vies <strong>de</strong><br />
Job et <strong>de</strong> saint Ghislain. Il fut commandé en<br />
1505 par le métier <strong>de</strong>s Brasseurs <strong>de</strong> Louvain,<br />
pour l'oratoire <strong>de</strong> saint Arnould sis dans la collégiale<br />
Saint-Pierre, tandis que l'autre, également<br />
réalisé en collaboration avec Jan Petercels, fut<br />
exécuté à partir <strong>de</strong> 1510 à la requête <strong>de</strong> la gil<strong>de</strong><br />
du Saint-Sacrement pour l'église Saint-Pierre <strong>de</strong><br />
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Turnhout. Son thème iconographique était celui<br />
<strong>de</strong>s Sept Sacrements.<br />
En 1511, Jan Borreman le Grand sculpta un<br />
lion <strong>de</strong> pierre pour la faça<strong>de</strong> du palais <strong>de</strong><br />
Bruxelles, et il fut choisi pour tailler les modèles<br />
en bois <strong>de</strong>s statues <strong>de</strong> bronze <strong>de</strong>stinés à<br />
surmonter la balustra<strong>de</strong> entourant la Cour <strong>de</strong>s<br />
Bailles, alors en cours d'aménagement <strong>de</strong>vant le<br />
palais. Le contrat, passé en février 1511 avec la<br />
Chambre <strong>de</strong>s Comptes, prévoyait l'exécution <strong>de</strong><br />
statues <strong>de</strong> cinq pieds et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> haut, représentant<br />
<strong>de</strong>s ducs et duchesses <strong>de</strong> Brabant, ainsi que<br />
<strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> quadrupè<strong>de</strong>s et d'oiseaux<br />
<strong>de</strong>stinées à être disposées sur les colonnes et les<br />
pié<strong>de</strong>staux jalonnant cette clôture en pierre<br />
bleue, décorée <strong>de</strong> meneaux flamboyants.<br />
Tous ces modèles, sculptés sur base <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins<br />
établis par Jan Van Roome et Jacob Van Lathem,<br />
<strong>de</strong>vaient être soigneusement nettoyés, après leur<br />
emploi par le fon<strong>de</strong>ur Renier Van Thienen, et<br />
polychromés afin <strong>de</strong> servir d'ornement à l'intérieur<br />
du palais. Mais seules quelques-unes <strong>de</strong><br />
ces statues paraissent avoir été effectivement<br />
réalisées. On conserve <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> paiement<br />
pour <strong>de</strong>ux statues ducales (novembre 1511),<br />
pour trois modèles et onze figures d'animaux<br />
(janvier 1515) et pour un duc <strong>de</strong> Brabant (mai<br />
1516). Mais une note <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s<br />
Comptes signale en 1521 que, <strong>de</strong>puis 1515, le<br />
sculpteur n'a plus livré <strong>de</strong> modèles d'animaux.<br />
Ce qui est sûr, c'est que quatre seulement <strong>de</strong>s<br />
statues ducales, détruites en 1790 et 1793, furent<br />
coulées, avant octobre 1515 pour les premières<br />
d'entre elles.<br />
A cette liste d'oeuvres documentées par les<br />
sources, on peut ajouter l'attribution <strong>de</strong> certaines<br />
œuvres conservées. Parmi celles-ci, on peut citer<br />
les <strong>de</strong>ux fragments du retable <strong>de</strong> saint Adrien,<br />
aujourd'hui conservés dans l'église Saint-Adrien<br />
<strong>de</strong> Boendael (Bruxelles), qui présentent une<br />
parenté stylistique manifeste avec le retable <strong>de</strong><br />
saint Georges. On notera encore que Jan Π le<br />
Grand, dont on situe le décès vers 1520, joua<br />
également un rôle important dans la vie corporative,<br />
sociale et religieuse <strong>de</strong> son temps en étant<br />
juré <strong>de</strong> sa corporation (1487), administrateur<br />
(regeer<strong>de</strong>r) <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong> Rhétorique La<br />
Fleur <strong>de</strong> Lys et prévôt <strong>de</strong> la Confrérie <strong>de</strong> Notre-<br />
Dame <strong>de</strong>s Sept Douleurs (1488).<br />
Ténor d'une importante dynastie active à<br />
Bruxelles entre la fin du XV e et le début du XVI e<br />
siècle, Jan Π Borreman eut un fils, Passier, et un