Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

DE HEMRICOURT DE GRUNNE DE HEMRICOURT DE GRUNNE
désigné pour le 2Aé. par disposition ministérielle
du 17 février 1940. Un congé de
convalescence pour plaies et contusions
multiples lui est accordé peu après, à partir du
13 avril 1940, par l'hôpital militaire d'Anvers,
suite à un accident de roulage. Il reprend son
service le... 10 mai 1940! C'est vraisemblablement
pour cette raison qu'il n'est pas inscrit au
tableau des vols et tient le carnet de campagne
de son unité, ce qui lui vaut de subir au sol et à
l'aube toute la furie de l'attaque surprise des
bombardiers allemands. La plupart de nos
Hurricanes, fleurons de la chasse belge, sont
détruits au sol.
Grunne rejoint l'unité réfugiée sur le terrain
de campagne de La Bruyère, non loin de l'actuel
terrain de Beauvechain, où tous les chasseurs
survivants de son unité seront détruits au sol dès
le lendemain par des chasseurs Messerschmitt
109 qui mitraillent comme à l'exercice devant
l'absence d'efficacité de la défense anti-aérienne
du terrain. Dès lors, l'escadrille se replie en
France où la surprend la capitulation, puis l'armistice
français.
Mais Grunne n'entend pas se livrer comme
prisonnier à l'ennemi. Il s'embarque avec une
douzaine d'autres pilotes sur le SS Apapa et
arrive dès le 7 juillet à Liverpool, parmi les
premiers Belges à rejoindre nos alliés. Comme
pilote de Hurricane, il ne tarde guère à être
désigné pour le squadron 32, basé sur le fameux
aérodrome de chasse de Biggin Hill. Le 16 août
déjà, il fait preuve de sa maîtrise et descend un
chasseur adverse du type Me 109E. Le
lendemain il en descend un second et le 18, il
remporte une troisième victoire sur un bimoteur
de bombardement du type Dornier 17.
Malheureusement, un chasseur d'escorte
allemand parvient à incendier son Hurricane.
Grunne doit sauter en parachute. Il est grièvement
brûlé et les autorités médicales déclarent que l'état
physique de l'intéressé nécessite l'exemption de
ses obligations militaires pour cause d'inaptitude
physique. Après quatre mois, il est remis de ses
blessures et est de nouveau déclaré apte au vol.
Entre-temps, durant sa convalescence, il s'est
rendu assez mystérieusement à Lisbonne et peutêtre
en Espagne nanti de courrier gouvernemental.
Lorsqu'il rejoint le célèbre 609 squadron où se
trouvent de nombreux Belges, ses camarades
s'esclaffent devant son merveilleux teint, manifestement
pas obtenu en Angleterre !
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Le 21 mai 1941, la RAF, qui est passée à l'offensive,
exécute une opération du type dit
«circus» sur le continent. Il s'agit d'une sortie
où un grand nombre de chasseurs escorte
quelques bombardiers dont le rôle principal est
de lever la chasse adverse. L'adversaire est
coriace : les unités de chasse allemandes
déployées à l'ouest comprennent des pilotes très
expérimentés et de nombreux as. Elles n'interviennent
généralement que dans des situations
tactiques favorables. Un combat s'engage : au
moment où son leader entame l'interception de
deux chasseurs ennemis, le Spitfire ΠΑ que
pilote Grunne, attaqué par surprise, reçoit
plusieurs coups directs et se désintègre en l'air.
Dans une lettre datée du même jour, le
« Duke » du Monceau de Bergendal écrit :
«Grunne a sauté en parachute et a été protégé
dans sa descente par un sergent anglais de l'escadrille.
Celui-ci prétend que Grunne ne
semblait pas avoir été blessé et qu'en tout cas il
semblait bien vivant, actionnant les suspentes de
son parachute. Il est tombé en mer mais ne
semble pas avoir fait usage de son «dinghy»
(canot de sauvetage gonflable). Pendant plus de
quatre heures, des avions et des vedettes ont
cherché à le localiser et le repêcher. La nuit vit
d'autres unités participer aux recherches. Tout
ce qui était possible à été fait, mais en vain...»
Ainsi disparut une figure marquante de la chasse
belge.
Rodolphe de Hemricourt de Grunne fut choisi
comme parrain de la 96 e promotion de pilotes
encore formée en Angleterre. L'humour administratif
ne perdant jamais ses droits, une note de
l'auditorat militaire belge datée du 30 janvier
1945 s'inquiète du sort de cet officier porté
manquant le 20 juin 40 par son commandant
d'unité avec le motif de cette disparition :
essayer de rallier l'Angleterre! Rappelons qu'il
a fallu attendre 1948 avant de voir enterrées les
condamnations de 1940 pour «désertions» vers
la Grande Bretagne.
La citation suivante lui a été octroyée :
«Brillant officier pilote, d'une bravoure exceptionnelle,
animé d'un haut sentiment du devoir
et de l'honneur. Il rejoint la Grande-Bretagne
dès la fin des hostilités en France pour continuer
la lutte contre Γ envahisseur. Du 16 au 18 août
1940, au cours de la bataille aérienne
d'Angleterre, il ajoute trois victoires à son
palmarès. Le 18 août 1940, son avion est mis en