Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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PlÉRARD PlÉRARD<br />
gouvernement. Par la suite, il en paraphe<br />
plusieurs autres. Certains Wallons reprochent<br />
alors à Louis Piérard sa «conversion à l'âme<br />
belge» que l'intéressé proclame d'ailleurs dans<br />
A la gloire du Piotte (1916). A la fin <strong>de</strong> la<br />
guerre, Piérard considère que les épreuves ont<br />
scellé l'union <strong>de</strong>s Wallons et <strong>de</strong>s Flamands, que<br />
les Allemands ont donné à la <strong>Belgique</strong> la<br />
cohésion qui lui manquait.<br />
Comme Jules Destrée ou Henri Rolland, il<br />
adhère, non sans émettre certaines réserves, au<br />
comité <strong>de</strong> Politique nationale dès sa fondation à<br />
Bruxelles en décembre 1918. Le but <strong>de</strong> l'institution,<br />
qui s'efforce <strong>de</strong> grouper toutes les énergies<br />
nationales, consiste à défendre les revendications<br />
belges relatives à la liberté <strong>de</strong> l'Escaut, à la<br />
solution amiable du problème limbourgeois, aux<br />
garanties à prendre contre le retour d'une<br />
agression alleman<strong>de</strong>, à l'union étroite avec le<br />
Grand-Duché <strong>de</strong> Luxembourg. Jacquemotte,<br />
secrétaire du syndicat <strong>de</strong>s Employés <strong>de</strong><br />
Bruxelles, lui fait alors grief <strong>de</strong> ses « tendances<br />
impérialistes». Le socialiste François André<br />
s'oppose aux vues annexionnistes <strong>de</strong> son ami.<br />
En fait, Louis Piérard souhaite la récupération<br />
du Luxembourg arraché à la <strong>Belgique</strong> en 1839 et<br />
<strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Malmedy enlevée en 1815.<br />
Estimant que la <strong>Belgique</strong> a payé assez cher pour<br />
cesser d'être «un pays où l'on entre comme<br />
dans un moulin», Piérard précise alors qu'il ne<br />
souhaite qu'une «paix <strong>de</strong> justice» et que,<br />
comme les socialistes l'ont proclamé à leur<br />
Congrès <strong>de</strong> Noël, il respecte le droit <strong>de</strong>s peuples<br />
à disposer d'eux-mêmes. Cependant, la neutralisation<br />
<strong>de</strong> la rive gauche du Rhin lui paraît<br />
indispensable. L'action du comité donne lieu à<br />
<strong>de</strong>s malentendus, notamment en ce qui concerne<br />
l'éventuelle annexion du Luxembourg; insulté,<br />
Piérard fait l'objet d'obstructions systématiques<br />
qui le déterminent à démissionner en mars 1919.<br />
Après la Libération, il réintègre sa place au<br />
Soir. Journaliste <strong>de</strong> talent, il réalise <strong>de</strong> grands<br />
reportages : Films brésiliens, Rimouski-Puebla.<br />
Du Canada au Mexique, La Maison <strong>de</strong>s<br />
Serpents et autres lieux étranges (sorte <strong>de</strong><br />
recueil <strong>de</strong> souvenirs du Brésil, Sénégal,<br />
Palestine, Italie, Pologne...), Terre <strong>de</strong>s Indiens.<br />
Argentine, Mexique, Pérou, Bolivie. En 1920,<br />
envoyé en reportage par Le Soir - «modèle<br />
d'objectivité et <strong>de</strong> probité», souligne-t-il -, il<br />
découvre le Brésil. Il le parcourt <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux<br />
mois, lorsque le roi Albert et la reine Elisabeth y<br />
314<br />
débarquent pour un voyage officiel. Dès lors, il<br />
accompagne le couple royal, puis effectue le<br />
voyage du retour en même temps que les souverains<br />
avec lesquels il fait ample connaissance.<br />
Pendant les seize jours que dure la traversée, il<br />
pénètre ainsi dans l'intimité <strong>de</strong> «ce souverain si<br />
simple, si bon, si curieux <strong>de</strong> toutes choses, plus<br />
grand encore peut-être dans la paix que dans la<br />
guerre».<br />
En 1922, il passe au Peuple (contributions<br />
quotidiennes) tout en continuant à collaborer au<br />
Soir, à la plupart <strong>de</strong>s revues belges et à <strong>de</strong><br />
nombreux journaux étrangers : Le Figaro, Le<br />
Journal, La Victoire, L'Information, L'Opinion,<br />
le Mercure <strong>de</strong> France, la Revue <strong>de</strong> Paris, le<br />
Times, l' Observer, le Labour Magazine, le<br />
Dailly News, la Gazette <strong>de</strong> Prague... En octobre<br />
1922, année durant laquelle il visite les Etats-<br />
Unis, Louis Piérard fon<strong>de</strong> la Section belge du<br />
PEN (Poets, Essayists, Novelists) Club International,<br />
une organisation mondiale d'écrivains.<br />
Il en assure la prési<strong>de</strong>nce pendant vingt-cinq<br />
ans. Le 19 avril 1924, à la Maison du Peuple <strong>de</strong><br />
Bruxelles, il ranime la Section d'Art du Parti<br />
ouvrier belge et en <strong>de</strong>vient le prési<strong>de</strong>nt. Dix ans<br />
plus tard, il crée l'Œuvre nationale <strong>de</strong>s Beaux-<br />
Arts <strong>de</strong>stinée à ai<strong>de</strong>r les artistes. Il continue à<br />
publier: retenons son «maître livre», La vie<br />
tragique <strong>de</strong> Vincent Van Gogh (1924), une<br />
«biographie romancée» pour laquelle l'auteur a<br />
rassemblé tous les documents disponibles et a<br />
même retrouvé <strong>de</strong>s témoins du séjour <strong>de</strong> l'artiste<br />
au Borinage. Retenons aussi Les Trois Borains<br />
et autres histoires (1925), ainsi que <strong>de</strong>s ouvrages<br />
consacrés à l'art, à la littérature, au théâtre, à la<br />
Wallonie, à la politique, dont La <strong>Belgique</strong> terre<br />
<strong>de</strong> compromis. Les socialistes belges et le<br />
gouvernement van Zeeland. Piérard conserve un<br />
pieux souvenir <strong>de</strong> Verhaeren et il s'emploie<br />
notamment à la reconstruction <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong><br />
l'écrivain, située à Angre, près du Caillou-qui-<br />
Bique, détruite à la fin <strong>de</strong> la guerre par<br />
l'explosion d'une bombe.<br />
Se lançant dans la politique active, Louis<br />
Piérard «emballe» ses auditeurs, tantôt en se<br />
faisant doux et caressant, tantôt en provoquant<br />
une «bienfaisante hilarité» ou en se montrant<br />
grave et émouvant, mais il lui arrive aussi <strong>de</strong><br />
pousser <strong>de</strong>s exclamations véhémentes et <strong>de</strong><br />
taper du poing sur la table prési<strong>de</strong>ntielle. Lors <strong>de</strong><br />
la campagne électorale <strong>de</strong>s législatives <strong>de</strong> 1919,<br />
il affiche nettement ses vues réformistes. Le 16