Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

LEGROS LEGROS
ce qu'il faut savoir de nos racines, en une «rare
synthèse qui répand la science sans la vulgariser»
(L.-E. Halkin). C'est dans ce contexte
exaltant de rénovation politique et intellectuelle,
dont les enjeux restèrent hélas incompris,
qu'Elisée Legros rencontre Jeanne Bertrand
(alias François Jolyon, Anne Jolyon ou Anne),
nouvelliste et chroniqueuse littéraire à Forces
Nouvelles et à La Vie Wallonne. La romaniste
sera pour lui une épouse complice, compréhensive
et dévouée.
Au chapitre du sentiment, il convient de
signaler aussi la sympathie d'Elisée Legros pour
Malmedy et la région malmédienne. Dès les
premières livraisons de la revue Le Pays de saint
Remacle, association sans but lucratif qu'il
fonde, en 1962, avec ses amis Dandrifosse,
Gaspar et Leloup, et qu'il présidera jusqu'à son
décès, Elisée Legros supervise l'édition en
encart du (Nouveau) Dictionnaire wallonfrançais
de Hubert Scius et publie En marge du
livre de l'abbé Bastin sur les Plantes (dans Le
parler, l'histoire et les usages de la Wallonie
malmédienne), Liège, 1939 (1988), une série de
compléments onomasiologiques où sont joints
aux faits malmédiens des données de l'Ardenne
liégeoise et des zones voisines. La passion de ce
«Malmédien par choix» (J. Bertrand) pour les
bords de la Warche et les mobiles des travaux
qui vont l'occuper à la fin de son existence -
faire connaître et aimer Malmedy, vieux terroir
roman -, s'expriment avec une particulière
acuité dans ses articles sur La Wallonie malmédienne.
En passant au crible les travaux de K. L.
Kaufmann (1941, [1960]), de K. Pabst (1964) et
de H. Doepgen (1966), et en soumettant aux
règles de la critique historique certaines biographies
trop peu précises (celle de l'abbé
Toussaint, entre autres), il propose à la méditation
du linguiste et de l'historien un jugement
nuancé, dont le feu de la discussion n'entame
pas la probité, sur des faits complexes et sur des
mouvements d'opinion contradictoires qui ont
agité une région au destin troublé.
Pédagogue chaleureux et habile à former les
esprits A l'école du dialecte (Enquêtes, 12,
1969), Legros n'a pas, à proprement parler, «fait
école» : le «jansénisme» (J. Lechanteur, 1996)
de la démarche, le don de soi dans l'humilité la
plus sincère en réponse à l'appel irrépressible
d'un idéal élevé, une exigence si exacerbée
qu'elle mènera souvent à la polémique et quel­
quefois au renoncement à traiter certains
dossiers, ont sans doute réduit maints débutants
à déserter la voie étroite de la relève. L'œuvre,
elle, demeure actuelle. Elle frappe d'admiration
autant par son énergie, sa solidité, sa perspicacité,
sa polyvalence que par la manière d'être et
la ligne de pensée qu'elle reflète.
Elisée Legros fut membre de la Commission
royale de Toponymie et Dialectologie (1940),
secrétaire de la section wallonne de 1945 à 1961
et président pour les années 1961-1963. Il fut élu
membre titulaire de la Société de Langue et de
Littérature wallonnes en 1949, au siège du
Malmédien Henri Bragard. Il était aussi membre
de la Commission royale belge de Folklore,
section wallonne (1958), membre de la
Commission communale de l'Histoire de
l'Ancien Pays de Liège (1965) et membre de
l'Institut archéologique liégeois (1948). Après
1945, il fit partie du comité de rédaction de La
Vie Wallonne (où sa signature apparaît dès
1936), et à partir de 1957, il codirigea Les
Dialectes belgo-romans avec Jules Herbillon.
Elisée Legros a légué par testament au Musée de
la Vie wallonne sa bibliothèque et sa documentation.
Bibliographie d'Elisée Legros, dans Bulletin de la
Commission royale de Toponymie et Dialectologie, t.
45, 1971, p. 68-87. — Bibliographie des travaux
d'Elisée Legros relatifs à la région malmédienne, dans
Le Pays de saint Remacle, t. 10, 1971-1972, p. 97-99
et dans Mémoire wallonne, 3, 1996, p. 46-47. — L.
Remacle, In memoriam Elisée Legros (1910-1970),
dans Onoma, t. 16, 1971/1-2, p. 243-250. — In
memoriam Elisée Legros (1910-1970), dans Bulletin
de la Commission royale de Toponymie et
Dialectologie, t. 45, 1971, p. 57-68. — In memoriam
Elisée Legros (1910-1970), dans Mélanges de folklore
et d'ethnographie dédiés à la mémoire d'Elisée
Legros, 1973, p. 11-19, précédé de Ed.
Remouchamps, Hommage à Elisée Legros, p. 7-10,
ill. — M. Piron, Elisée Legros (1910-1970), dans La
Vie Wallonne, t. 45, 1971, p. 53-62. — J. Herbillon, In
memoriam Elisée Legros, dans Les Dialectes belgoromans,
t. 25/3-4, 1969 [1971], p. 103-107 et dans Le
Pays gaumais, 1970/1-4, p. 240-242. —A. Leloup, In
memoriam Elisée Legros, dans Le Pays de saint
Remacle, t. 8, 1969 [1970], p. 1-2; t. 9, 1970 [1972],
p. 3-5. — A. Boileau, In memoriam Elisée Legros
(1910-1970), dans Les Dialectes de Wallonie, t. 2,
1973, p. 122-128. — M. Delbouille, [Elisée Legros],
dans Revue de Linguistique romane, n° 137-138,
1971, p. 242. — Jeanne-Elisée Legros, Pour le
dixième anniversaire de la mort d'Elisée Legros.
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