Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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DUPONT DUPONT<br />
A ces divers postes, il se distingue, comme un<br />
wagnérien fervent et comme un découvreur<br />
inlassable.<br />
A la Monnaie, il assure <strong>de</strong> nombreuses<br />
premières dont Tannhäuser (1873), Carmen<br />
(1876), La Flûte enchantée (1880), Hérodia<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> Massenet (1882), Manon <strong>de</strong> Massenet<br />
(1884), Les Maîtres chanteurs (1885),<br />
Gwendoline <strong>de</strong> Chabrier (1886), La Walkyrie en<br />
langue française (1886), ainsi que plusieurs<br />
créations <strong>de</strong> compositeurs belges.<br />
Aux Concerts populaires, son arrivée coïnci<strong>de</strong><br />
aussi avec un renouvellement d'une programmation<br />
qu'il axe sur la musique mo<strong>de</strong>rne. Là aussi,<br />
Wagner <strong>de</strong>vient son cheval <strong>de</strong> bataille. Après un<br />
séjour au Festival <strong>de</strong> Bayreuth en compagnie <strong>de</strong><br />
son frère durant l'été 1876, il consacre dès 1877<br />
<strong>de</strong>ux concerts complets à Richard Wagner. Il fait<br />
aussi une large place à <strong>de</strong>s compositeurs comme<br />
Brahms et Richard Strauss ainsi qu'à l'école<br />
russe qu'il découvre par l'entremise <strong>de</strong> la<br />
comtesse <strong>de</strong> Mercy-Argenteau. Il dirige enfin<br />
les concerts <strong>de</strong> l'Association <strong>de</strong>s artistes<br />
musiciens, ainsi que <strong>de</strong> nombreux concerts<br />
ponctuels, comme l'Oorlog <strong>de</strong> Peter Benoit<br />
(1880), ou <strong>de</strong> la Cantate écrite par Paul Gilson<br />
pour l'inauguration <strong>de</strong> l'Exposition <strong>de</strong> Bruxelles<br />
(1897).<br />
Joseph Dupont fut moins heureux dans ses<br />
activités <strong>de</strong> gestionnaire. De 1886 à 1889, il<br />
assume la direction <strong>de</strong> la Monnaie avec<br />
Alexandre Lapissida, ce qui le contraint à abandonner<br />
momentanément sa charge <strong>de</strong> professeur<br />
au Conservatoire. Ces trois années seront financièrement<br />
difficiles pour l'institution. Au grand<br />
mécontentement <strong>de</strong>s actionnaires, les saisons se<br />
sol<strong>de</strong>nt par <strong>de</strong>s pertes importantes et le tan<strong>de</strong>m<br />
est rapi<strong>de</strong>ment évincé par le collège échevinal.<br />
Dupont ne conservera plus alors que ses<br />
activités <strong>de</strong> chef d'orchestre aux Concerts populaires<br />
mais dans un contexte très tendu, puisque<br />
la nouvelle direction <strong>de</strong> la Monnaie et celle <strong>de</strong>s<br />
Concerts populaires s'affrontent ouvertement,<br />
créant <strong>de</strong>s tensions qui subsisteront plusieurs<br />
années.<br />
Malgré un désintérêt rapi<strong>de</strong> pour le métier <strong>de</strong><br />
compositeur, Joseph Dupont laisse outre ses<br />
cantates <strong>de</strong> concours, <strong>de</strong>s ouvertures (Hector,<br />
1867), <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> symphonie, et une<br />
pièce lyrique intitulée De gou<strong>de</strong>n Sleutel, créée<br />
en 1863. C'est toutefois dans ses transcriptions<br />
symphoniques <strong>de</strong> Wagner qu'il se montre le<br />
plus créatif. Avec l'approbation <strong>de</strong> Wagner, il<br />
paraphrasera les passages les plus saillants <strong>de</strong>s<br />
Maîtres-chanteurs (1869), <strong>de</strong> Lohengrin<br />
(1871) puis <strong>de</strong> Tannhäuser (1876) auquel il<br />
ajoute «le Venusberg, scène nouvelle pour le<br />
premier acte», qui sera diffusée comme La<br />
Bacchanale.<br />
Deux monuments furent dressés à sa<br />
mémoire. Un relief dû à Paul Dubois est installé<br />
dans la cage d'escalier <strong>de</strong> la Monnaie en 1910,<br />
et un buste est inauguré au Conservatoire <strong>de</strong><br />
Bruxelles.<br />
DUPONT, Robert, Auguste, Joseph, né à Ixelles<br />
(Bruxelles) le 18 novembre 1864, décédé à<br />
Anvers le 16 janvier 1935.<br />
Joseph Dupont étant resté sans <strong>de</strong>scendance,<br />
c'est son neveu, le fils <strong>de</strong> Pierre-Augustin<br />
qui assure la continuité musicale <strong>de</strong> la famille.<br />
Auguste mène parallèlement une carrière<br />
d'avocat, <strong>de</strong> pianiste et <strong>de</strong> compositeur. Il est<br />
aussi le premier à entreprendre le déblaiement<br />
<strong>de</strong>s ruines du château <strong>de</strong> Logne qui se trouve<br />
dans la propriété héritée <strong>de</strong> sa mère. Le<br />
compositeur semble avoir eu une certaine<br />
renommée puisque ses œuvres sont éditées<br />
dans différents pays : Variations <strong>de</strong> concert<br />
dans le style sévère, op. 22 (Heugel à Paris<br />
et Hofmeister à Leipzig), Quatuor op. 27<br />
(Sénart à Paris). Il compose également Alcée,<br />
drame lyrique en trois actes et La légen<strong>de</strong><br />
humaine, cycle lyrique en cinq phases.<br />
Auguste Dupont eut à son tour quatre enfants,<br />
trois filles et un garçon qui fut lui aussi baptisé<br />
Auguste et <strong>de</strong>vint, comme son père, avocat et<br />
pianiste.<br />
Auguste Dupont : Notice biographique, Bruxelles, s.d.<br />
— [E. Closson], Les Concerts populaires <strong>de</strong><br />
Bruxelles, Bruxelles, 1927. — La Monnaie wagnérienne,<br />
M. Couvreur éd., Bruxelles, 1998. — G.<br />
Huberti, Notice sur Joseph Dupont, dans Annuaire <strong>de</strong><br />
V<strong>Académie</strong> <strong>royale</strong> <strong>de</strong> <strong>Belgique</strong>, vol. 68, Bruxelles,<br />
1902, p. 259-272. — B. Mawe, Histoire du Théâtre <strong>de</strong><br />
Verviers et excursions dans le domaine <strong>de</strong>s Beaux-<br />
Arts, Verviers, 1890. — Oeuvres d'Auguste Dupont,<br />
Osten<strong>de</strong>, s.d. — R. Vannes, Dictionnaire <strong>de</strong>s<br />
musiciens, Bruxelles, [1947], p. 137-138. — A.<br />
Weber, Essai <strong>de</strong> Bibliographie Verviétoise, Verviers,<br />
1901, p. 347-352. — C. Pirenne, Dupont et Dupont à<br />
Bruxelles, dans Revue belge <strong>de</strong> Musicologie, vol. 55,<br />
2001, p. 285-304.<br />
Christophe Pirenne<br />
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