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Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

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COURTENS COURTENS<br />

similitu<strong>de</strong>s avec l'orientation adoptée à l'époque<br />

par les régimes politiques qui prônent un ordre<br />

nouveau.<br />

Au fil <strong>de</strong>s noires années trente, les<br />

comman<strong>de</strong>s publiques, <strong>royale</strong>s et privées, se<br />

raréfient. Le sculpteur parvient à survivre grâce<br />

à l'estime que lui porte la reine Elisabeth <strong>de</strong>puis<br />

le début <strong>de</strong>s années vingt et grâce au soutien<br />

actif <strong>de</strong> quelques admirateurs bien placés, dont<br />

Jules Ingenbleek à l'amitié fidèle, le provi<strong>de</strong>ntiel<br />

comte <strong>de</strong> Hemricourt <strong>de</strong> Grunne, grand<br />

maître <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> la reine Elisabeth,<br />

Edmond Rubbens, ministre <strong>de</strong>s Colonies (1935-<br />

1938), ainsi que Léonce Castillon et Lucien<br />

Solvay, critiques d'art bien en cour.<br />

L'exécution, en plusieurs exemplaires, <strong>de</strong><br />

divers bustes officiels <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> la famille<br />

<strong>royale</strong> est confiée à l'artiste. Relevons parmi eux<br />

celui <strong>de</strong> Léopold III, réalisé d'après nature<br />

(1939, Bruxelles, Palais royal), ainsi qu'un<br />

autre, du même souverain, <strong>de</strong>stiné à être placé<br />

auprès <strong>de</strong> celui, également en ivoire, <strong>de</strong><br />

Léopold II, ce grand-oncle à l'origine <strong>de</strong> la colonisation<br />

du Congo (vers 1940, Tervuren, Musée<br />

<strong>de</strong> l'Afrique centrale). En 1937, un <strong>de</strong>s bustes <strong>de</strong><br />

Léopold III orne la section belge <strong>de</strong> l'Exposition<br />

internationale <strong>de</strong> Paris et, l'année suivante, à<br />

l'Exposition belge organisée à Stockholm, la<br />

tête en marbre <strong>de</strong> la défunte reine Astrid est en<br />

bonne place. Ces comman<strong>de</strong>s permettent à<br />

l'artiste d'acquérir la spacieuse maison-atelier<br />

du sculpteur Charles Samuel (1938, Ixelles, rue<br />

Washington).<br />

Un conflit mondial éclate à nouveau en 1940;<br />

l'après-guerre présente <strong>de</strong>s similitu<strong>de</strong>s avec la<br />

précé<strong>de</strong>nte. Cette répétition <strong>de</strong>s événements<br />

entraîne <strong>de</strong>s redites dans la carrière d'Alfred<br />

Courtens. Parmi les monuments aux morts qu'il<br />

exécutera, il faut relever la Borne <strong>de</strong> la<br />

Libération (1949, Hertain). Quant à la crise que<br />

la <strong>Belgique</strong> traverse alors, elle est d'une autre<br />

nature. A travers la Question <strong>royale</strong>, c'est l'existence<br />

même <strong>de</strong> la dynastie belge qui est mise en<br />

cause. Suite à l'abdication <strong>de</strong> Léopold III au<br />

profit <strong>de</strong> son fils Baudouin, Alfred Courtens<br />

coule, en l'honneur du 125 e anniversaire <strong>de</strong> la<br />

fondation <strong>de</strong> la dynastie, les profils <strong>de</strong>s cinq rois<br />

que la <strong>Belgique</strong> a connus jusqu'alors (1956,<br />

Bruxelles, Arca<strong>de</strong>s du Cinquantenaire). Par un<br />

jeu <strong>de</strong> relief, le passé s'efface <strong>de</strong>vant le présent<br />

et, inversement, celui-ci s'inscrit dans la continuation<br />

<strong>de</strong> celui-là.<br />

90<br />

En 1957, Alfred Courtens exécute sa troisième<br />

statue <strong>royale</strong> équestre. Modèle <strong>de</strong> représentation<br />

héroïque puisé à l'antiquité, il sert à célébrer la<br />

bataille <strong>de</strong> la Lys, à travers l'image chevaleresque<br />

du roi Leopold III (1957, Courtrai, bord<br />

<strong>de</strong> la Lys). Il réalise également les bustes en<br />

marbre du roi Baudouin (1956, Bruxelles, Palais<br />

royal et Banque <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Belgique</strong>), <strong>de</strong><br />

Léopold III (1960, Bruxelles, Musée <strong>de</strong> la<br />

Dynastie) et <strong>de</strong> la reine Fabiola (vers 1962,<br />

Bruxelles, Banque <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Belgique</strong>).<br />

A ce Panthéon royal, se joint celui <strong>de</strong>s<br />

contemporains qui ont contribué au maintien et<br />

au rayonnement <strong>de</strong> l'Etat belge : <strong>de</strong>s hommes<br />

politiques, tels le ministre Joseph Pholien<br />

(1950-1952, Bruxelles, Sénat), Camille Gutt<br />

(vers 1950, Bruxelles, Banque <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Belgique</strong>) et Jean Van Houtte (vers 1965,<br />

Bruxelles, Banque <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Belgique</strong>); <strong>de</strong>s<br />

hommes <strong>de</strong> sciences, tel le professeur Nolf,<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fondation médicale Reine<br />

Elisabeth (vers 1950, Bruxelles, Fondation<br />

médicale Reine Elisabeth); <strong>de</strong>s artistes, tel le<br />

propre père du sculpteur (1951, Termon<strong>de</strong>).<br />

L'art <strong>de</strong> la médaille officielle doit à Alfred<br />

Courtens quelques-unes <strong>de</strong> ses pièces majeures.<br />

Œuvres <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> pour la plupart, elles sont<br />

<strong>de</strong> dignes rappels <strong>de</strong>s événements ou <strong>de</strong>s anniversaires<br />

qu'elles commémorent. Citons celle à<br />

l'effigie du roi Albert I er frappée à l'occasion du<br />

dixième anniversaire du Fonds national <strong>de</strong> la<br />

Recherche scientifique (1938), celles à l'effigie<br />

<strong>de</strong> la reine Elisabeth (1937, Oeuvre nationale<br />

belge <strong>de</strong> Défense contre la Tuberculose; 1961,<br />

Concours musical international Reine Elisabeth<br />

<strong>de</strong> <strong>Belgique</strong>), celle à l'effigie du prince<br />

Baudouin (1938, Pro Juventute).<br />

De tels services rendus à l'Etat et à la dynastie<br />

belges seront dûment récompensés : chevalier<br />

<strong>de</strong> la Légion d'honneur <strong>de</strong>puis 1939, Alfred<br />

Courtens est promu comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l'Ordre <strong>de</strong><br />

Léopold. Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> sa mort, la reine<br />

Fabiola se recueillera <strong>de</strong>vant la dépouille <strong>de</strong><br />

l'artiste, digne serviteur du royaume.<br />

Croyant, Alfred Courtens exécutera quelques<br />

œuvres religieuses. Citons le Christ entouré <strong>de</strong>s<br />

quatre évangélistes et <strong>de</strong>s douze apôtres à la<br />

faça<strong>de</strong> principale <strong>de</strong> l'église du Gésu à Bruxelles<br />

(1939), édifice dont la transformation est due à<br />

Antoine Courtens.<br />

Chargé <strong>de</strong> contribuer à la mise en place <strong>de</strong><br />

l'image que l'Etat et la dynastie belges voulaient

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