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Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

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DE RYCKEL DE RYCKEL<br />

perdues sur la capacité offensive et manœuvrière<br />

<strong>de</strong> ses troupes, s'y opposa, en plein accord avec<br />

Galet et le Roi. Le gros <strong>de</strong> l'armée resta donc<br />

sans bouger dans le quadrilatère Louvain-<br />

Tirlemont-Perwez-Wavre, où il s'était installé<br />

les 4 et 5 août.<br />

Le 18 août, l'armée alleman<strong>de</strong> tout entière (et<br />

non comme les 4 et 5 août, une petite fraction <strong>de</strong><br />

celle-ci) se met en branle, sa concentration<br />

achevée. L'armée française est éloignée <strong>de</strong><br />

plusieurs étapes. Conscient du danger, Ryckel<br />

préconisait <strong>de</strong>puis plusieurs jours un repli sur<br />

Anvers, auquel le Roi consent in extremis. Ce<br />

même 18 août, le lieutenant-colonel Al<strong>de</strong>bert,<br />

chef <strong>de</strong> la mission militaire française (qui persistait<br />

à nier la présence <strong>de</strong> forces importantes en<br />

face <strong>de</strong>s Belges), condamne cette décision, parle<br />

<strong>de</strong> forfaiture et, furieux, s'en retourne chez Joffre.<br />

Pour apaiser les Français, le Roi promet, dès<br />

que possible, une attaque <strong>de</strong> flanc. Ryckel<br />

désapprouve une opération qui ne peut, d'après<br />

lui, qu'affaiblir davantage une armée, déjà si<br />

débile par elle-même. Pour la première fois se<br />

produit, entre le Roi et lui, un dissentiment<br />

grave. L'avis <strong>de</strong> Ryckel, autrefois si prisé, est<br />

négligé. L'attaque, exécutée les 25 et 26 août,<br />

échoua comme prévu, avec <strong>de</strong>s pertes sensibles.<br />

L'armée franco-anglaise, battue <strong>de</strong> son côté à<br />

Charleroi et à Mons, recule à marches forcées<br />

vers Paris. Un vi<strong>de</strong> énorme se creuse entre elle<br />

et l'armée belge, bloquée à Anvers ; les communications<br />

avec la côte sont à la merci d'un raid<br />

<strong>de</strong> l'ennemi. Le gouverneur <strong>de</strong> la place<br />

d'Anvers, le général Dufour (ami <strong>de</strong> Ryckel),<br />

soucieux avant tout d'améliorer les défenses <strong>de</strong><br />

la forteresse, a négligé celles <strong>de</strong> Termon<strong>de</strong>,<br />

endroit stratégique sur la ligne qui mène à la<br />

mer. Les Allemands s'emparent <strong>de</strong> cette ville le<br />

4 septembre, sans pousser plus loin leur<br />

avantage.<br />

A Anvers, l'affolement est général.<br />

Broqueville trouve dans l'inci<strong>de</strong>nt un argument<br />

nouveau pour critiquer l'organisation du haut<br />

comman<strong>de</strong>ment. Il semble que, <strong>de</strong>puis peu, <strong>de</strong>s<br />

conversations confi<strong>de</strong>ntielles étaient déjà en<br />

cours à ce propos. La crise <strong>de</strong> Termon<strong>de</strong> en<br />

brusque le dénouement. Un conseil extraordinaire,<br />

auquel participaient le Roi, Broqueville,<br />

Jungbluth, Hellebaut et Ingenbleek, déci<strong>de</strong>, le 6<br />

septembre, un remaniement complet <strong>de</strong> l'Etat-<br />

Major <strong>de</strong> l'armée. Selliers est remplacé par le<br />

chef du cabinet militaire <strong>de</strong> Broqueville, le<br />

colonel Wielemans; Dufour l'est par Deguise;<br />

Ryckel, lâché par ses anciens protecteurs, est<br />

limogé. Broqueville triomphe <strong>de</strong> celui qui avait<br />

voulu limiter ses activités à l'administration <strong>de</strong><br />

l'armée. Pour en être définitivement quitte, il<br />

l'envoie à plus <strong>de</strong> mille kilomètres, représenter<br />

l'armée belge auprès du grand quartier général<br />

russe (14 septembre). C'est là que le retrouvèrent<br />

Van<strong>de</strong>rvel<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Brouckère et De Man,<br />

chargés en mai et en juin 1917, d'une mission<br />

chez Kerenski. Très prévenant, il dactylographiait<br />

leurs discours et leur servait quasiment <strong>de</strong><br />

secrétaire. «Nous ressentions pour lui, écrit<br />

Van<strong>de</strong>rvel<strong>de</strong>, une sympathie croissante». On ne<br />

peut en dire autant <strong>de</strong>s rapports qu'entretint<br />

Ryckel avec Destrée (le ministre <strong>de</strong> <strong>Belgique</strong> à<br />

Petrograd), ou avec son ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp et ex-ami<br />

intime, le capitaine (futur lieutenant colonel)<br />

Semet.<br />

Lors du retour <strong>de</strong> Ryckel au Havre, en octobre<br />

1918, le gouvernement ne put ou ne voulut lui<br />

accor<strong>de</strong>r dans l'armée <strong>de</strong> campagne un poste en<br />

rapport avec ses anciennes fonctions ainsi<br />

qu'avec son gra<strong>de</strong> (il venait, en 1916, d'être<br />

promu lieutenant général). Faute <strong>de</strong> mieux, on le<br />

nomma commandant <strong>de</strong> la Côte (30 octobre<br />

1918), puis gouverneur militaire <strong>de</strong> la Flandre<br />

occi<strong>de</strong>ntale (1 er février 1919). Plutôt mal noté<br />

par les nouveaux chefs du grand Etat-Major, il<br />

<strong>de</strong>manda son admission à la pension (26 juin<br />

1919). D'avoir frôlé la victoire et la gloire, et <strong>de</strong><br />

les avoir manquées, lui était, <strong>de</strong>puis septembre<br />

1914, un supplice permanent. La responsabilité<br />

<strong>de</strong> son échec était entièrement rejetée par lui sur<br />

Broqueville et Selliers, accusés d'avoir saboté<br />

ses plans. Que son caractère ombrageux et<br />

impulsif, ainsi que ses maladresses, y ont<br />

également été pour quelque chose ne lui vint<br />

jamais à l'esprit.<br />

Ses Mémoires (préfacés par Dufour) - bourrés<br />

<strong>de</strong> documents inédits et débordants <strong>de</strong> reproches<br />

- parurent en 1920, au moment où les poursuites<br />

entamées contre le baron Coppée (accusé d'avoir<br />

livré du charbon et <strong>de</strong>s sous-produits aux<br />

Allemands) empoisonnaient la vie publique. La<br />

Chambre avait à son ordre du jour la levée <strong>de</strong><br />

l'immunité parlementaire du comte <strong>de</strong><br />

Broqueville, soupçonné <strong>de</strong> complicité. Le journaliste<br />

Patris, ennemi juré <strong>de</strong> l'ancien ministre,<br />

menait contre lui, dans Le Soir, une campagne<br />

forcenée. Le livre <strong>de</strong> Ryckel (bien que sans<br />

rapport direct avec l'affaire Coppée), lui permit<br />

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