Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

GUILLAUME L'ONCLE GUILLAUME L'ONCLE
auxquelles son frère consanguin dut faire face et
à l'occasion des tournois auxquels celui-ci
aimait participer. Gislebert signale notamment
sa présence dans l'armée hennuyère, en 1172,
lorsque Baudouin vola au secours de son oncle
Henri l'Aveugle, comte de Namur et de
Luxembourg, attaqué par Henri III, duc de
Limbourg et comte d'Arlon. Il cite aussi son
nom lors du conflit contre le roi de France
Philippe Auguste en 1181-1182 et au début de la
guerre contre le duc de Brabant Godefroid ΠΙ à
la fin de l'année 1182. Après avoir indiqué sa
présence à Namur chez Henri l'Aveugle en
1188, il laisse deviner sa participation à la
guerre que Baudouin mena contre celui-ci pour
s'emparer du comté de Namur. Lorsqu'il évoque
ses faits d'armes, il le range parmi les chevaliers
connus pour leur prouesse et leur connaissance
de l'art de combattre.
Guillaume a été aussi un conseiller de
Baudouin V, c'est-à-dire qu'il faisait partie des
membres restreints et assidus de son conseil qui
souscrivaient ses actes pour en garantir la valeur,
jugeaient les causes soumises à son tribunal et le
conseillaient dans sa politique avec le monde
extérieur, dans l'administration de son comté ou
dans la gestion de son domaine. Son rôle de
conseiller est non seulement évoqué par
Gislebert mais il est aussi et surtout confirmé par
de nombreux actes comtaux et autres datant des
années 1180 à 1195. Il a aussi, au moins à deux
reprises, exercé le pouvoir comtal que lui avait
délégué son frère, comme en témoignent des
chartes de 1193 émanant de Guillaume luimême.
Cet exercice de l'autorité princière peut
s'expliquer par l'étendue des territoires dirigés
alors par Baudouin, comte de Hainaut, marquis
de Namur et, depuis 1191, comte de Flandre. Il
révèle le rôle de collaborateur politique joué
dans le comté de Hainaut par Guillaume à cette
époque et la confiance que lui témoignait son
frère. Cette confiance, Baudouin la lui manifesta
encore en décembre 1195, lorsque malade et
sentant sa fin prochaine, il le désigna avec trois
autres personnes pour exécuter ses dernières
volontés.
L'estime en laquelle l'avait tenu son frère et
l'expérience acquise dans la gestion du comté
firent de Guillaume un collaborateur tout
désigné pour le jeune Baudouin, comte de
Flandre et de Hainaut. L'intervention de l'oncle
du comte dans les affaires concernant non
seulement le Hainaut, mais aussi, à un degré
moindre cependant, la Flandre se devine par la
présence de son nom dans de nombreux actes
comtaux. Elle se remarque notamment lors de la
conclusion de traités, l'un à Dinant le 26 juillet
1199, entre Baudouin et Thibaut, comte de Bar
et de Luxembourg, et l'autre au château des
Andelys en Normandie, le mois suivant, entre le
même comte de Flandre et de Hainaut et le
nouveau roi d'Angleterre Jean sans Terre en
guerre contre Philippe Auguste. A la suite d'une
première alliance entre Baudouin et Richard
Cœur de Lion en juin et juillet 1197, Guillaume
avait reçu en fief du roi d'Angleterre une terre
située en Normandie qui lui rapportait une rente
annuelle de deux cents livres. Revenu qu'il
continua de percevoir sous son successeur.
Certains historiens ont affirmé que Guillaume
avait été bailli de Hainaut sous le principat de
Baudouin VI avant que celui-ci ne partît en
croisade. Aucun des nombreux actes comtaux
ou autres où son nom figure ne lui attribue cette
fonction.
Après le départ, le 14 avril 1202, du comte
Baudouin pour la croisade et jusqu'à l'annonce
de son décès au début de l'année 1206,
Guillaume administra au nom de celui-ci le
comté de Hainaut. Par son expérience, depuis au
moins une vingtaine d'années, de la vie
politique hennuyère et par les liens qu'il avait pu
nouer au cours de ce temps avec les membres de
la noblesse de ce comté, il était le mieux placé
pour assurer l'intérim de son neveu. De la
période de sa régence, nous avons conservé une
quinzaine de chartes dont il est l'auteur et par
lesquelles il règle des affaires courantes et une
bonne douzaine dans lesquelles il intervient
indirectement. Dans la plupart de ces actes, on
signale son pouvoir, soit par le titre de «bailli de
Hainaut» (Hainoensis bajulus, procurator
Hainoie) accolé à son nom, soit, et c'est la
majorité des cas, par des périphrases qui rappellent
le mandat à lui conféré par le comte.
On a affirmé qu'après le départ de Baudouin
pour l'Orient et avant celui de son épouse Marie
de Champagne pour la même destination au
début de l'année 1204, que ce fut celle-ci qui
dirigea les comtés de Flandre et de Hainaut, que
dans celui-ci l'Oncle n'était que bailli et que ce
ne fut qu'ensuite qu'il devint régent de cette
principauté. Cette affirmation est contredite par
les sources diplomatiques. Quelques-unes de
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