Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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LANGUI LANGUI<br />
Dans son travail administratif, Langui était<br />
précis et très exigeant. Il se consacra en même<br />
temps avec passion à <strong>de</strong>s initiatives diverses:<br />
conférences, critiques dans les journaux et<br />
revues d'art (entre autres Quadrum, Kroniek<br />
voor Kunst en Cultuur, Museumjournaal),<br />
rédaction <strong>de</strong> monographies, participation à <strong>de</strong>s<br />
jurys et <strong>de</strong>s comités d'organisation, présence à<br />
<strong>de</strong>s congrès.<br />
Dans l'exercice <strong>de</strong> ses fonctions, on lui confia<br />
la lour<strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> choisir les artistes qui<br />
représenteraient notre pays aux biennales d'art<br />
en Europe et ailleurs. A partir <strong>de</strong> 1948, il fut<br />
régulièrement commissaire du pavillon belge à<br />
Venise. En 1954, il y était élu prési<strong>de</strong>nt du jury<br />
international. A Sao Paulo également, en 1951 et<br />
1953, ce fut lui qui fixa la participation belge.<br />
En 1950, il prit une nouvelle initiative: l'édition<br />
d'une série <strong>de</strong> biographies succinctes d'artistes<br />
belges, les Monographies <strong>de</strong> l'art belge. La<br />
publication paraissait dans les <strong>de</strong>ux langues<br />
nationales. La même année, Langui fut cofondateur<br />
du Prix <strong>de</strong> la Jeune Peinture (Fondation<br />
René Lust).<br />
En 1952, il épousait Stéphanie Verhoeven,<br />
fonctionnaire au cabinet du Premier ministre.<br />
En 1956, Emile Langui fut promu directeur<br />
général <strong>de</strong>s Beaux-Arts auprès du ministre <strong>de</strong><br />
l'Instruction publique. Il quittait alors le Service<br />
<strong>de</strong> la Propagan<strong>de</strong> artistique, mais restait l'animateur<br />
<strong>de</strong> nombreux projets.<br />
Aussi longtemps que la situation politique l'y<br />
autorisa, il œuvra pour son pays en tant qu'entité<br />
nationale. En 1958, les lois linguistiques engageaient<br />
à une autonomie du Nord et du Sud. Il<br />
mit en gar<strong>de</strong> contre la rupture entre Wallons et<br />
Flamands qu'il considérait comme fatale. Pour<br />
lui, la langue que l'artiste parlait ne jouait aucun<br />
rôle, seul comptait le niveau <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> son<br />
œuvre.<br />
En 1963, il entama une nouvelle étape <strong>de</strong> sa<br />
carrière administrative, et <strong>de</strong>vint administrateur<br />
général pour les Ne<strong>de</strong>rlandse Culturele Zaken,<br />
fonction qu'il remplit jusqu'à sa retraite, en<br />
1968. Ce fut la <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> son périple<br />
<strong>de</strong> fonctionnaire, mais non <strong>de</strong> ses multiples<br />
activités et obligations. Ses conseils et son ai<strong>de</strong><br />
restaient toujours appréciés pour toute manifestation<br />
culturelle importante.<br />
Au cours <strong>de</strong> son long parcours administratif et<br />
artistique, Langui reçut beaucoup <strong>de</strong> distinctions<br />
honorifiques. De nombreuses décorations belges<br />
et étrangères lui furent attribuées. Le mon<strong>de</strong><br />
scientifique reconnut ses mérites.<br />
En France, il fut nommé en 1961 officier <strong>de</strong><br />
l'Ordre <strong>de</strong>s Arts et <strong>de</strong>s Lettres, en 1973 élu<br />
membre correspondant <strong>de</strong> l'Institut <strong>de</strong> France, à<br />
l'<strong>Académie</strong> <strong>de</strong>s Beaux-Arts. Aux Pays-Bas, il<br />
reçut en 1971 le doctorat honoris causa <strong>de</strong> l'université<br />
d'Amsterdam. En 1979, à l'occasion <strong>de</strong><br />
son septante-cinquième anniversaire, il reçut la<br />
médaille d'argent <strong>de</strong> la Koninklijke Aca<strong>de</strong>mie<br />
voor Wetenschappen, Letteren en Schone<br />
Kunsten van België dont il était membre <strong>de</strong>puis<br />
1955. Ces distinctions «culturelles» avaient sa<br />
préférence.<br />
Par sa fonction mais surtout par son engagement<br />
et ses décisions, sans compromis,<br />
irrévocables, Langui s'exposait inévitablement à<br />
la contestation, parfois à la critique virulente. Sa<br />
politique culturelle fut alors attaquée dans <strong>de</strong>s<br />
journaux et pamphlets (entre autres dans le<br />
Pourquoi Pas ?, décembre 1946 ; dans Pan, avril<br />
1958; dans Cahiers <strong>de</strong>s Arts, avril 1960).<br />
Lorsqu'en 1961, il fut élu prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l'Association belge <strong>de</strong>s critiques d'art comme<br />
successeur <strong>de</strong> Charles Bernard, certains<br />
critiques opposèrent une résistance. On craignait<br />
que ses fonctions officielles ne mettent son<br />
objectivité en danger.<br />
Sa très lour<strong>de</strong> tâche officielle et ses<br />
nombreuses initiatives exigèrent beaucoup <strong>de</strong> sa<br />
capacité <strong>de</strong> réflexion et d'organisation. Son<br />
engagement personnel et son énergie déterminèrent<br />
tout son style <strong>de</strong> vie. Pourtant, il attachait<br />
du prix à passer son temps libre, dans l'intimité<br />
avec ses collègues, <strong>de</strong>s artistes, <strong>de</strong>s amis. Il était<br />
un interlocuteur apprécié, un conteur passionnant<br />
pourvu d'un contagieux sens <strong>de</strong> l'humour.<br />
En épicurien, il ne refusait pas les joies culinaires.<br />
Langui n'était pas collectionneur, sauf pour<br />
une exceptionnelle collection <strong>de</strong> timbres. En<br />
vrai amateur éclairé, il s'entoura <strong>de</strong> quelques<br />
œuvres, choisies avec soin, d'artistes proches:<br />
Delvaux, Magritte, Oscar Jespers, Permeke,<br />
Landuyt, mais aussi <strong>de</strong> Campendonck, Marini et<br />
<strong>de</strong> quelques sculptures extra européennes.<br />
Sa vitalité intellectuelle touchait à <strong>de</strong>s<br />
domaines dépassant le cadre <strong>de</strong> ses préoccupations<br />
professionnelles. Il avait une préférence<br />
pour la science et lisait, avec délectation les<br />
écrits <strong>de</strong> vulgarisation scientifique du biologiste<br />
Jean Rostand. L'astronomie le passionnait<br />
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