Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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CORNIL CORNIL<br />
assumer la charge <strong>de</strong> procureur général. C'est en<br />
cette qualité qu'il prononça trois mercuriales<br />
particulièrement révélatrices <strong>de</strong> ses idées<br />
progressistes dans les domaines du droit pénal et<br />
<strong>de</strong> la procédure pénale : « la mesure <strong>de</strong> sûreté<br />
envisagée objectivement» (1929), «la loi <strong>de</strong><br />
défense sociale à l'égard <strong>de</strong>s anormaux et <strong>de</strong>s<br />
délinquants d'habitu<strong>de</strong> du 9 avril 1930» (1930)<br />
et «<strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> rendre à l'instruction<br />
préparatoire, en matière pénale, le caractère<br />
légal qu'elle a perdu» (1931).<br />
Léon Cornil entra au parquet <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong><br />
cassation en août 1933 en qualité d'avocat<br />
général et <strong>de</strong>vint premier avocat général auprès<br />
<strong>de</strong> cette Cour en janvier 1940. Normalement, il<br />
aurait dû être appelé aux fonctions <strong>de</strong> procureur<br />
général auprès <strong>de</strong> cette cour en 1942, au départ<br />
d'Adolphe Gesché. Mais, une ordonnance <strong>de</strong><br />
l'autorité alleman<strong>de</strong> lui ayant interdit en janvier<br />
1942 d'exercer toute activité publique, il fut<br />
contraint <strong>de</strong> suspendre, jusqu'à la fin <strong>de</strong> l'occupation,<br />
ses activités à la Cour.<br />
Lorsqu'il reprit ses fonctions judiciaires à la<br />
libération du territoire, une <strong>de</strong> ses premières<br />
tâches fut, le 9 septembre 1944, d'aller avec le<br />
premier prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour remettre au<br />
Premier ministre, Hubert Pierlot, qui était rentré<br />
<strong>de</strong> Londres la veille, le mémoire appelé ultérieurement<br />
Testament politique, que le roi<br />
Leopold III leur avait confié au moment où il<br />
allait être transféré en Allemagne par les<br />
autorités ennemies et qui formulait les « recommandations<br />
du Roi quant à la conduite à suivre »<br />
par «ceux qui exerceraient intérimairement le<br />
pouvoir», en cas d'absence du Souverain lors du<br />
départ <strong>de</strong> l'armée occupante.<br />
Quelques jours plus tard, Léon Cornil fut<br />
nommé procureur général près la Cour <strong>de</strong><br />
cassation, fonctions dans lesquelles il fut solennellement<br />
installé le 3 octobre 1944 et qu'il<br />
exerça pendant plus <strong>de</strong> neuf ans.<br />
En sa qualité d'avocat général ou <strong>de</strong> procureur<br />
général près la Cour <strong>de</strong> cassation, Léon Cornil<br />
prononça sept importantes mercuriales. Trois<br />
d'entre elles prolongent en les précisant <strong>de</strong>s<br />
thèses sur le droit pénal qu'il avait eu l'occasion<br />
d'exposer précé<strong>de</strong>mment: «la mission <strong>de</strong>s<br />
magistrats et <strong>de</strong>s avocats dans le domaine du droit<br />
pénal» (1936), «propos sur le droit criminel»<br />
(1946), «un avant-projet <strong>de</strong> loi sur l'adolescence<br />
coupable» (1951). Trois autres mercuriales font<br />
le point <strong>de</strong> ses conceptions sur diverses questions<br />
ayant trait à la Cour <strong>de</strong> cassation : ses origines et<br />
sa nature (1948), sa mission (1950), les réformes<br />
qu'appelle la procédure suivie <strong>de</strong>vant elle (1952).<br />
En liaison avec une situation née <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong><br />
Guerre mondiale, une mercuriale analyse <strong>de</strong>s<br />
problèmes plus particuliers : ceux que soulevait<br />
«la reconstruction du Palais <strong>de</strong> Justice <strong>de</strong><br />
Bruxelles» (1947).<br />
Lorsqu'en mai 1945, les armées américaines<br />
eurent délivré le roi Léopold III à Strobl en<br />
Autriche, puis fin juin et début juillet <strong>de</strong> la<br />
même année, Léon Cornil fut, avec d'autres<br />
personnalités, appelé en consultation par le Roi.<br />
L'éminent magistrat ne put malheureusement<br />
achever son mandat <strong>de</strong> procureur général près la<br />
Cour <strong>de</strong> cassation : en décembre 1953, quatre<br />
ans avant d'accé<strong>de</strong>r à l'éméritat, d'impérieuses<br />
raisons <strong>de</strong> santé le contraignirent à renoncer à<br />
l'exercice <strong>de</strong> sa haute charge.<br />
Pendant plus d'un quart <strong>de</strong> siècle, Léon Cornil<br />
se consacra également à l'enseignement universitaire.<br />
Nommé en octobre 1920 chargé <strong>de</strong><br />
cours, puis en juin 1923 professeur à l'Université<br />
<strong>de</strong> Bruxelles, il commença par enseigner<br />
à la Faculté <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong> cette université <strong>de</strong>s<br />
matières <strong>de</strong> droit civil; en juillet 1926, il dut se<br />
résoudre à abandonner l'enseignement <strong>de</strong> ces<br />
matières, ayant été appelé par l'Université à<br />
succé<strong>de</strong>r à Jean Servais pour les cours <strong>de</strong> droit<br />
pénal et <strong>de</strong> procédure pénale, cours qu'il donna<br />
jusqu'en mai 1946.<br />
C'est principalement à son initiative qu'en<br />
juin 1936, fut créée, au sein <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong><br />
Bruxelles, l'Ecole <strong>de</strong>s sciences criminologiques<br />
annexée à la Faculté <strong>de</strong> Droit, qui porte aujourd'hui<br />
son nom et où il fut titulaire du cours <strong>de</strong><br />
criminologie jusqu'en juillet 1945.<br />
Elu vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Droit en<br />
juin 1936, Léon Cornil fut, en mars 1939, réélu<br />
à ce poste en même temps qu'il entrait au<br />
conseil d'administration <strong>de</strong> l'Université dont il<br />
<strong>de</strong>vint vice-prési<strong>de</strong>nt en juillet 1940. En cette<br />
<strong>de</strong>rnière qualité et comme membre du bureau <strong>de</strong><br />
l'Université, il joua un rôle actif dans toutes les<br />
négociations menées par l'Université avec l'autorité<br />
alleman<strong>de</strong> qui entendait imposer <strong>de</strong>s<br />
nominations indésirables et dont l'intransigeance<br />
contraignit le conseil d'administration à<br />
déci<strong>de</strong>r, en novembre 1941, la fermeture <strong>de</strong><br />
l'Université.<br />
Quelques jours après cette décision, le 9<br />
décembre 1941, l'occupant, dans l'espoir <strong>de</strong><br />
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