Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

MARTENS MARTENS
plusieurs éditions de 1925 à 1940. En même
temps, lui revenait au doctorat (actuellement la
licence) l'enseignement d'une partie de la systématique
et de la paléontologie végétale.
Authentique fondateur de ces deux cours : Ptéridophytes
et Gymnospermes et Champignons,
les envisageant d'une façon toute personnelle, il
n'hésitait pas à y inclure les résultats de ses
propres recherches.
En candidature, il assure chaque année et pour
un très grand nombre d'étudiants - en sciences,
médecine, pharmacie, agronomie -, l'enseignement
de base dont les notes intitulées Eléments
de Botanique deviennent un manuel dont le texte
sera refondu à cinq reprises, la dernière édition
paraissant l'année de son accession à l'éméritat
(1965). Martens fut un excellent pédagogue et il
exerça une forte emprise sur ceux qui suivirent
son enseignement. Il était un excellent dessinateur
et ses schémas au tableau noir faisaient
l'admiration de tous.
L'œuvre scientifique de Pierre Martens est
considérable et ininterrompue depuis ses
premières recherches de 1922. Chaque année a
vu la publication de mémoires, articles de revues
et recensions se succéder. Un autre caractère
frappant de cette production est sa grande
diversité. La cytologie et la morphogenèse y
tiennent une large place, mais la mycologie et la
paléontologie, comme la biologie florale, la
systématique et la phytogéographie ont aussi fait
l'objet de ses soins.
Trois traits caractérisent les travaux de
recherche de Martens : d'abord la grande
rigueur et la minutie des descriptions, basées sur
l'observation d'un grand nombre de préparations
microscopiques et de dissections ; le souci,
ensuite, d'appuyer et de garantir les descriptions
par une abondante iconographie; enfin, l'importance
accordée à l'appareil critique, comprenant
une analyse, souvent impitoyable, des données
antérieures.
Sans pour autant être exhaustive, on peut
tenter d'établir une liste des domaines d'étude
abordés par Pierre Martens. Concernant la cytomorphologie
: structure et division des
chromosomes somatiques; observation de la
cellule vivante (microdissection, essais de
fixateurs, épreuve de milieux favorables à ce
genre d'étude); propriétés de la paroi cellulaire
et de la cuticule; recherches sur les espaces
intercellulaires et mécanisme de la formation
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des méats. Chacun de ces travaux aboutit à des
conclusions originales et des vues inédites.
Dès 1932, il s'intéresse aux champignons. Il
envisage successivement le cycle de développement
et la sexualité des hyménomycètes, des
urédinées, des ascomycètes surtout. En collaboration
avec René Vandendries, Pierre Martens
démontre l'existence de deux cycles conidiens
chez Pholiota aurivilla, l'un dicaryotique,
l'autre monocaryotique et leur alternance,
certains travaux en collaboration avec Yun-
Chang Wang, d'autres avec André Gilles (1932,
1934). Pierre Martens cherche alors l'origine et
le mécanisme de l'anse d'anastomose des basidiomycètes
et du crochet des ascomycètes. Puis
il étudie la polysporie de ces derniers. La guerre
de 1940-1945 venant d'éclater, il entreprit dans
sa retraite, une revue critique de l'ensemble de
la littérature et publia, en 1946, un important
mémoire sur le Cycle de développement et la
sexualité des ascomycètes. Essai critique (La
Cellule, tome 50 (2), p. 123-310).
Vient ensuite un large éventail d'études
consacrées aux fougères. L'interprétation cytohistologique
des formations sporangiales, des
organes glanduleux et des sporanges transformés
chez les filicales aboutit à un
prolongement sur le plan systématique et même
phytogéographique. Entre 1950 et 1960, il
entreprend seul ou confie à des élèves, licenciés
ou doctorants, l'étude du cycle du développement
des hydroptéridales (ou fougères
aquatiques) : Marsilea (Roland Tournay, Marie-
José Feller, Andrée Boterberg) et Azolla (Paul
Demalsy). Avec la sélaginelle, Pierre Martens
revient une dernière fois aux ptéridophytes hétérosporées
(Françoise Stainier).
Entre-temps, pendant la période allant de 1955
à 1965, ce sont les cycadales et les ginkgoales qui
font l'objet, pour les premières d'une série de
mémoires sur Encephalartos (Jean-Louis De
Sloover), pour les secondes, d'une publication
due à Agnès Colinet. D'autres travaux d'élèves
méritent d'être mentionnés concernant entre
autres la multiplication végétative et l'embryologie
chez les lemnacées (André Lawalrée),
colchicine et polyploïde (Louis Decoux et Louis
Ernould), le phloème chez Stylidium et
Thunbergia (William Mullenders), les formations
sécrétrices des copaliers congolais, les bourgeons
et la vascularisation des plantules de Coffea (Paul
Moens), l'histogenèse des tissus conducteurs